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Industrie 5.0 : simple décoction surmédiatisée de l'Industrie 4.0 ou puissant bouillon technologique de haut niveau ?

06-07-2021

Une certaine ironie ne m'est pas étrangère à la lecture des interminables études qui annoncent l'ère de l'Industrie 5.0. Cela fait maintenant un certain temps que nous sommes entrés dans la décennie où le terme Industrie 4.0 est devenu un concept complètement galvaudé – une sorte de fourre-tout dans lequel toutes les applications industrielles intelligentes, connectées, intégrées, cyberphysiques, IA et IdO ont été jetées sans grand discernement. Au début des années 2000, les principes de l'Industrie 4.0 ont fait leur apparition dans les cercles restreints des entreprises technologiques. Le principe fondamental de l'Industrie 4.0 met l'accent sur l'interconnexion des machines et des systèmes en vue d'optimiser les performances, boostant ainsi l'efficacité et la productivité.

 

 

État des lieux

 

Nous disposons désormais de systèmes MES et PLM pour l'exécution des processus de fabrication, qui nous permettent de suivre et de documenter numériquement le parcours des marchandises – de la matière première au produit fini. L'Industrie 4.0 nous permet également d'utiliser des systèmes de contrôle en atelier pour suivre le déroulement des opérations et évaluer avec plus de précision les processus concernés. Ces informations sont à leur tour très précieuses pour la planification des ressources, les inventaires et, finalement, le retour sur investissement.

 

L'Industrie 4.0 exploite les données provenant des équipements connectés, mettant en évidence les domaines où des gains d'efficacité peuvent être réalisés et où les processus de production peuvent être transformés. De nouveaux flux de données de bout en bout sont créés tout au long de la chaîne de valeur, ce qui conduit à la création de nouveaux services et à la modification des modèles d'entreprise.

 

Avec l'Industrie 4.0, les systèmes physiques sont contrôlés par des systèmes automatisés utilisant des algorithmes d'apprentissage automatique. Les travailleurs sont ainsi libérés des tâches qui leur font perdre beaucoup de temps et peuvent concentrer leurs efforts sur les aspects qui permettent de créer de la valeur.

 

L'industrie 4.0, c'est ici et maintenant. Cela fait déjà plusieurs années que les grands fabricants ont mis en œuvre les principes de l'Industrie 4.0, mais les fabricants d'envergure moyenne ont tardé à investir dans ces technologies, comme on peut le lire dans le rapport que BDO a publié en 2020. Seuls 15 % ont franchi le pas ou sont en pleine transformation numérique. Bref, que doivent penser les entreprises qui viennent de se lancer dans la transformation numérique lorsqu'elles se font soudainement jeter le terme 'Industrie 5.0' à la figure ?

 

 

La 5ème révolution industrielle se concentre sur la collaboration 'harmonieuse' entre l'homme et la machine, en combinant les capacités créatives des humains aux capacités cognitives des machines. En laissant les machines et les robots faire le travail ennuyeux, malsain et répétitif, la valeur ajoutée humaine devient la valorisation de la production vers l'hyperpersonnalisation et les produits et services personnalisés.

 

Avec l'Industrie 5.0, l'atelier se transforme en un environnement dans lequel chaque tâche routinière est automatisée (drones), numérisée (5G et blockchain), robotisée (cobots), virtualisée (AR/VR/XR) ou au moins allégée (exosquelettes). Tout cela se fait en combinaison avec des méthodes de conception, d'ingénierie et de production reposant sur l'IA, qui sont rapides, sûres, durables et permettent une personnalisation très poussée du produit (Fabrication Additive).

 

Les clients veulent du sur-mesure

 

L'une des forces motrices de l'Industrie 5.0 est la demande de produits personnalisés et réalisés sur mesure, d'où la nécessité d'impliquer davantage ces mêmes clients dans le processus de production. Du côté des consommateurs, 29 % des Américains disent déjà posséder des produits personnalisés, du moins si l'on en croit les résultats d'une étude réalisée par Industry Week. Les fabricants capables de procurer aux clients exactement ce qu'ils veulent seront récompensés, puisque 62 % des personnes interrogées dans le cadre de cette étude se disent prêtes à débourser davantage d'argent pour personnaliser leurs appareils électroniques, tels que des smartphones et des tablettes.

 

L'industrie 4.0 permet déjà la personnalisation de masse grâce aux techniques de production de masse. Les acheteurs de voitures, par exemple, peuvent personnaliser leur véhicule en ligne. La personnalisation de masse est en grande partie rendue possible par les technologies propres à l'Industrie 4.0. Cela inclut les connexions IdO entre les différents systèmes de commande des concessionnaires, les chaînes d'approvisionnement, et même les robots dans l'usine du constructeur automobile. Pour les fabricants B2B, la customisation peut se faire en adaptant les produits standards du catalogue pour les clients clés ou en créant des unités de gestion de stock exclusives pour des utilisations spécifiques.

 

En quoi l'Industrie 5.0 est-elle donc si différente ?

 

Là où l'Industrie 5.0 va vraiment se distinguer, c'est dans son 'hyperpersonnalisation' à l'échelle humaine. D'après moi, l'Industrie 5.0 comporte une part de sentiment philosophique anti-industriel, car l'ironie veut qu'elle repose sur les robots, les cobots et une bonne dose d'IA. Les robots sont déjà un des principaux piliers de la fabrication, et les technologies de l'Industrie 4.0 apportent de la flexibilité dans les processus de production. L'industrie 5.0 allie la créativité et le savoir-faire des humains à la rapidité, la productivité et la constance des robots. Voilà, en quelques mots, en quoi elle diffère de l'Industrie 4.0.

 

Les robots, qui peuvent être programmés pour travailler aux côtés des humains, existent déjà. La prochaine question qui se pose est donc la suivante : quelles industries seront touchées par l'Industrie 5.0 ? Les principes de l'Industrie 5.0 ont été spécifiquement élaborés pour améliorer l'expérience des clients. Et par 'clients', nous entendons de manière réaliste les consommateurs. Maintenant, seul l'avenir pourra nous dire si l'acheteur d'une voiture souhaite vraiment une barre de toit ou un levier de vitesse personnalisé. Affaire à suivre, bien sûr !

 

 

 

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