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Le virage de la fabrication (2/5) – La nouvelle économie de la production

06-05-2021

Dans notre précédent 'Industrialfairs Monthly', nous avions entamé notre série Le virage de la fabrication – de la capture de valeur à la création de valeurConcrètement, cela signifie que les modèles d'entreprise tournés vers l'avenir vont au-delà de l'optimisation des coûts et de l'automatisation pour devancer la concurrence et permettre un accroissement des marges. Comme l'a spontanément cité Erwin Verstraelen de PoA dans l'article plus haut : "Ces stratégies ont déjà été exploitées. Aujourd'hui, la donne a changé et une nouvelle époque, de nouveaux clients et une nouvelle création de valeur sont la norme. Et souvenez-vous de la précédente interview que nous avions publiée, où vous avez pu lire comment Renson avait su transformer un produit de ventilation en aluminium en un concept Healthy Space as a Service, dans le cadre duquel un concept de service récurrent complet a été mis au point autour du système de ventilation.

 

Dans cet article-ci, nous allons, comme promis, approfondir le prochain aspect (Value Creation vs Value Capture), qui servira de fil conducteur à notre série d'articles pour les mois à venir. Dans l'article ci-dessous, nous aborderons The Economics of Production, où 3 technologies exponentielles sont en train de définitivement supplanter les anciens modèles de concurrence.

 

 

Center for the Edge (Deloitte) se base sur les observations suivantes. Jusqu'à il y a peu, la production était le domaine réservé d'un nombre limité de grands acteurs du secteur. Cela s'explique par le fait que le seuil d'accès était très élevé et que les grands acteurs du secteur disposaient donc d'un "moat" (fossé) suffisamment important pour pouvoir se protéger des nouveaux concurrents. Pour produire, il fallait injecter des capitaux considérables et mettre en place une chaîne d'approvisionnement complexe pour finalement parvenir à atteindre le consommateur.

 

Mais les innovations technologiques et l'implosion du coût de la puissance de traitement ont aujourd'hui sérieusement abaissé ce seuil. La vitesse à laquelle les connaissances, les informations, les ressources et les produits font le tour du monde en un rien de temps est phénoménale (Google It). La fabrication additive, les matériaux innovants et la robotique permettent à de nouveaux acteurs de fabriquer de nouveaux produits de manière inédite en un clin d'œil. En outre, un certain nombre de maillons de la chaîne d'approvisionnement ont été supprimés, ce qui raccourcit le délai de mise sur le marché pour le consommateur. Nous nous trouvons donc au bas de la pyramide de production avec une offre croissante d'acteurs d'envergure modeste qui répondent directement aux souhaits des consommateurs impatients, tandis qu'au sommet de la pyramide, les grands fabricants se livrent à une surenchère pour racheter les acteurs de moindre envergure dans le but de réussir à réaliser de nouvelles économies d'échelle.

 

Avant de nous intéresser de plus près à la robotique et aux matériaux innovants, revenons un instant sur la fabrication additive, qui a évolué au fil d'un cycle de 30 ans, passant de séries expérimentales de 1 à 10 prototypes à une véritable technologie de fabrication en grande série.

 

 

La courbe du seuil de rentabilité de la fabrication additive croise celle de la fabrication traditionnelle. La fabrication additive présente l'avantage de ne pas nécessiter d'outils de traitement coûteux, de réduire le coût de l'imprimante et d'augmenter les performances de manière exponentielle. Bien entendu, le coût matériel par pièce pour les conceptions plus complexes est beaucoup plus faible avec la fabrication additive qu'avec l'usinage par enlèvement de matière (en partant d'un gros bloc qui est systématiquement usiné pour obtenir un produit final beaucoup plus petit). Là où la fabrication additive était déjà bien lancée dans la course pour les pièces de petites séries/de grande valeur, elle l'est désormais également pour les produits de grandes séries/de moindre valeur.

 

Et la robotique dans tout ça ? Un faible coût variable par heure, pour des tâches moins complexes.

 

La robotique a trouvé sa place dans les industries où les grandes forces et l'extrême précision étaient la norme (robots de soudage, manutention lourde, manipulations précises dans la production de semi-conducteurs, etc.). Les coûts d'achat et de programmation étaient élevés, et la plupart du temps, les robots étaient solidement ancrés dans le sol et placés à l'abri des travailleurs. Jusqu'à il y a peu, les marchés émergents n'étaient guère enthousiastes à l'égard de la robotique coûteuse, dans la mesure où la main-d'œuvre ordinaire était bon marché. L'augmentation mondiale du coût de la main-d'œuvre et la diminution du coût des robots flexibles apportent également des changements dans les règles du jeu.

 

En 2019, le coût de la main-d'œuvre en Chine était déjà supérieur de 177 % à celui du Vietnam, et de 218 % à celui de l'Inde. En 2014, la Chine était déjà devenue le premier acheteur mondial (plus que les États-Unis et le Japon) avec ses 36.000 robots. On peut affirmer que les tâches non complexes sont de plus en plus automatisées et que les compétences plus complexes, telles que la maintenance, la conception et l'informatique, sont en train de devenir des métiers qui font l'objet d'un goulot d'étranglement.

 

Materials innovation – it only just begun

 

Autrefois réservées à quelques privilégiés, les applications utilisant de la fibre de verre, des composites, des nanomatériaux et les mousses à mémoire de forme se sont fortement démocratisées. Le coût de production de la fibre de verre a notamment chuté de façon spectaculaire. Au cours de la décennie précédente, elle était utilisée dans le cadre d'applications haut de gamme pour les vélos les plus coûteux ou les trépieds pour appareils photo. Lexus utilise la fibre de carbone pour tisser des pièces de voiture tridimensionnelles. L'utilisation de la fibre de verre dans la fabrication a d'ailleurs doublé depuis 2020.

 

 

La densité énergétique des nouvelles batteries augmente de 8 % par an. Les nanotubes de carbone présentent les plus grandes forces de traction et sont les meilleurs conducteurs (4 fois plus rapides que le cuivre) de chaleur et d'électricité.

 

Mycobond commercialise un polystyrène résistant au feu, obtenu à partir de mycélium de champignon. Le plastique chirurgical de première qualité est quant à lui fabriqué à partir de soie, tandis que les fibres de bois servent à produire de la cellulose nanocristalline destinée à renforcer le PVC et le béton. Et nous pourrions également évoquer le papier conducteur, les bimétaux thermiques et les polymères électroactifs (qui changent de forme lorsqu'ils sont chargés). Nous vous épargnerons une longue série de nouveaux termes, mais sachez que le paysage des innovations matérielles évolue à une vitesse vertigineuse. Il ne fait aucun doute qu'il existe une intersection entre toutes ces innovations, qui permettra de créer des combinaisons encore plus performantes.

 

 

Pour faire court, combinez 3 tendances de production exponentielles avec des plateformes d'apprentissage ouvertes et gratuites, de nouvelles solutions de financement comme le crowdfunding, une explosion du nombre de start-ups, d'incubateurs et de fab labs dans le segment du matériel et des logiciels, ou encore la fabrication sans usine, et vous obtiendrez ce cocktail explosif auquel l'industrie manufacturière doit aujourd'hui faire face.

 

Ou comme l'affirme Chris Anderson de 3D Robotics : "Three guys with a laptop used to describe a Web start-up. Now it can describe a hardware start-up as well".

 

Dans notre prochain 'Industrialfairs Monthly', nous explorerons plus en détail le deuxième volet de la nouvelle tendance en matière de création de valeur : The changing nature of consumer demand – ou comment le consommateur décide aujourd'hui comment et ce que nous fabriquerons demain.

 

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