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Préparer l'avenir de la valorisation énergétique des déchets à l'heure où les chaînes d'approvisionnement sont fortement perturbées

07-12-2021

 

Avant même que je ne m'en rende compte, Stefaan Lauwers, le CEO de l'entreprise Vyncke de Harelbeke, qui a été créée il y a maintenant 109 ans, pose un expresso fumant sur la table haute, judicieusement placée entre le jeu de fléchettes et le baby-foot. We're in the game, without any further ado... sur le terrain de jeu des 'Vynckeneers' !

 

Vyncke NV (Clean Energy Technology) est une entreprise 100 % familiale, qui s'est spécialisée dans le développement, la construction et la maintenance de centrales à biomasse dans le monde entier. Forte de ses 360 'Vynckeneers', 9 sites et 30 réalisations en 2021, la holding familiale réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros.

 

La société est spécialisée dans le développement et la construction de solutions de valorisation énergétique des déchets, ou plus simplement dans la production d'énergie pour des clients à partir de la combustion du flux de déchets non recyclables que ceux-ci produisent. Ce flux peut être constitué de particules solides (bois, graines, fibres, pépins, etc.), mais peut aussi se présenter à l'état liquide ou gazeux.

 

 

Lauwers déclenche immédiatement une conversation passionnante sans même que je commence à lui poser des questions. Après tout, le titulaire d'un Master of Science en électromécanique est remarquablement bien préparé. D'entrée de jeu, Lauwers souligne que la stratégie et les règles du jeu sont actuellement très dynamiques. "Les projets pour les clients négociés avant la pandémie ont en fin de compte tous été couronnés de succès. Mais au-delà de la réorganisation des équipes et de la planification, il était surtout important de garder un œil sur les prix de l'acier et des composants, que l'on ne peut pas simplement répercuter intégralement sur le client. Nous procédons donc à un exercice d'équilibrage constant entre nos ateliers en République tchèque et en Chine afin d'optimiser l'assemblage, la chaîne d'approvisionnement et le transport. Les deux usines ont les mêmes compétences et le même savoir-faire, mais il faut savoir que nos composants de base pour une centrale électrique ordinaire ne représentent que 15 % de l'ensemble de l'installation (système de combustion sur grille, système d'alimentation en combustible, etc.). 85 % de la construction d'une telle centrale est constituée de composants, tels que des tuyaux, des filtres, des ventilateurs, des structures en acier et autres, qui proviennent de notre chaîne d'approvisionnement. Il est évident que pour les projets européens, nous comptons sur les approvisionnements venant de République tchèque, et que pour le marché asiatique, nous faisons appel à la Chine."

 

"Combinez une demande de centrales électriques en pleine croissance à l'échelle mondiale avec une hausse des prix des matériaux, des chaînes d'approvisionnement perturbées et une main-d'œuvre moins mobile et vous pouvez facilement vous étouffer avec votre expresso si vous ne restez pas sur vos gardes."

 

Welcome to ‘the boilerroom’: build, operate and maintain

 

 

 

Le modèle économique de Vyncke s'inscrit parfaitement dans la réalité actuelle du marché, où la gestion des matières premières rares, de l'énergie durable et des déchets est devenue plus que jamais une priorité. L'histoire de l'entreprise a toutefois commencé il y a plus d'un siècle, lorsqu'elle s'est spécialisée dans l'entretien et la réparation des chaudières à vapeur des industries locales du textile et du lin. Pendant la crise pétrolière, la demande de chaudières utilisant des combustibles conventionnels tels que le gaz et le mazout s'est effondrée. C'est pourquoi le globe-trotter qu'est Dirk Vyncke (3ème génération) a rapidement commencé à chercher, avec ses clients, des solutions permettant de produire de l'énergie (vapeur, chaleur et électricité) à partir d'autres combustibles abordables et disponibles. Et c'est ainsi qu'est né le modèle initial de valorisation énergétique des déchets, que Dirk a ensuite promu à lui seul dans le monde entier.

 

 

Par la suite, Peter et Dieter (4ème génération) ont redéfini la mission du groupe. "Celle-ci consiste désormais principalement à avoir le rôle de l'acteur de référence sur ce marché, quel que soit le continent où nos projets sont réalisés. Cette mission consiste également à aider une installation, qui a généralement une durée de vie de plus de 30 ans, à fonctionner de manière optimale pendant tout ce temps. Si vous voulez aussi être la référence dans ce domaine, vous devez évoluer vers un modèle économique ambitieux avec du personnel et des technologies capables d'offrir l'exploitation, la maintenance, les réparations et la surveillance dans le monde entier (V-care). Vyncke construit entre 20 et 30 installations par an, en fonction de l'envergure et de la complexité des commandes. Étant donné que nos équipes et nos ressources ne sont pas infinies, le nombre de petits projets (quelques milliers d'heures) et de grands projets (20.000 heures) détermine le nombre de centrales que nous pouvons construire chaque année. En d'autres termes, un projet peut coûter de 1 à 40 millions d'euros. Indépendamment de la composition et des chiffres (et du chiffre d'affaires), nous constatons que le flux de commandes augmente d'environ 8 à 10 % par an."

 

The Smart(er) Plan(t)

 

Pour faciliter l'exploitation, la maintenance et la surveillance des installations énergétiques à l'échelle mondiale, le besoin de services numériques et connectés se fait naturellement de plus en plus sentir.

 

"Cela nécessite principalement de mettre en place un plan efficace immédiatement après la construction pour pouvoir collecter différents ensembles de données de manière structurée dès le départ, ce qui permet d'intervenir de manière préventive et d'éviter les interventions trop importantes et les erreurs humaines."



The Smart(er) Plan(t)

 

Pour faciliter l'exploitation, la maintenance et la surveillance des installations énergétiques à l'échelle mondiale, le besoin de services numériques et connectés se fait naturellement de plus en plus sentir.

 

"Cela nécessite principalement de mettre en place un plan efficace immédiatement après la construction pour pouvoir collecter différents ensembles de données de manière structurée dès le départ, ce qui permet d'intervenir de manière préventive et d'éviter les interventions trop importantes et les erreurs humaines."

 

 

Avec plus de 1.000 installations à travers le monde dans notre portefeuille et au moins 20 nouvelles installations qui s'y ajoutent chaque année, le déploiement d'une stratégie numérique performante est essentiel. "Du fait que nous libérons maintenant presque totalement nos clients de tous leurs soucis, on a vite fait de penser que nous sommes en train de devenir un fournisseur d'énergie en tant que service", indique Lauwers. "Toutefois, si nous devions nous positionner uniquement de cette manière, l'accent sur notre mission en tant que fournisseur de solutions énergétiques s'estomperait, alors que c'est précisément ce dans quoi nous voulons exceller. Parmi ses clients, le groupe compte déjà des fournisseurs d'énergie tels qu'Engie et Veolia. En général, un prestataire de services énergétiques investit dans une centrale énergétique pour le compte d'un client. Pour ce faire, vous devez, d'une part, disposer de ressources suffisantes pour financer le projet pour vos clients et, d'autre part, avoir une quantité suffisante d'installations en service dans une région pour pouvoir y offrir des services d'exploitation de manière optimale. Ceci s'explique par le fait que le client ne veut pas passer des nuits blanches à cause du fonctionnement d'une installation, que celle-ci ait été achetée ou louée. Et c'est tout à fait logique, car ce client a généralement un problème de déchets et/ou d'énergie qui ne relève pas de ses compétences de base. En fait, c'est là que résident nos opportunités : construire, exploiter et entretenir."

 

"Si vous pouvez surveiller autant d'installations de manière connectée et constituer et utiliser un arsenal de données, vous créez un avantage concurrentiel tellement important que même le prestataire de services énergétiques exige de plus en plus souvent que nous prenions en charge ces services."

 

Sous la dénomination 'Smart Plant', on trouve toutes les solutions, applis et services possibles pour la captation et l'interprétation des données. La captation des données concerne aussi bien la couleur, la température et la forme d'une flamme que la composition du combustible, la pression, la vitesse, la viscosité... grâce à des capteurs et des systèmes de vision, entre autres.

 

"Le développement d'un jumeau numérique nous permet de structurer les données, d'exécuter des algorithmes et de faire des simulations pour pouvoir exploiter et surveiller encore plus efficacement les centrales, que celles-ci soient existantes ou nouvelles. Il ne faut cependant pas nous comparer à Atlas Copco, par exemple, qui est capable de comparer et d'exploiter des milliers de machines identiques de manière optimale. Dans notre cas, chaque centrale est quasiment unique en termes de développement, de combustible, d'application et d'emplacement."

 

 

Il est de plus en plus clair que Lauwers ne parle pas seulement des données comme moteur de la compétitivité, mais plutôt de la combinaison de ces connaissances reposant sur les données avec la connaissance unique des processus de la technique de combustion pour différents types de matériaux. "Nous avons décidé de rechercher nous-mêmes des solutions cloud et des logiciels d'analyse de données, puis, en dernier recours, d'en faire des applis en partie via des partenaires externes. Les propositions relatives à certaines solutions numériques sont le fruit du retour d'expérience de plusieurs de nos départements, mais elles peuvent également être adoptées par d'autres secteurs. En interne, nous pouvons compter sur une équipe technologique, au sein de laquelle des personnes possédant des connaissances en matière de logiciels et de processus œuvrent ensemble à l'élaboration de nouvelles solutions."



Ce qui est également typique et très reconnaissable chez Vyncke, c'est que cette numérisation amène tous les départements, comme l'ingénierie, l'automatisation, l'assemblage et même les services clientèle et après-vente, à dialoguer entre eux. La principale exigence dans ce domaine est la communication et la définition d'un objectif pour l'organisation (moving target). Les 'Vynckeneers' sont convaincus qu'ils doivent veiller en permanence à rester les plus performants dans les décennies à venir et à ce que personne ne leur coupe l'herbe sous le pied.

 

Lauwers poursuit : "Nous ne craignons pas la perturbation de notre activité en tant que telle, ce qui signifie qu'il n'est pas nécessaire de totalement repenser notre modèle économique. Personne n'inventera soudainement une nouvelle application qui produira de la vapeur ou qui pourra remplacer l'ensemble de nos compétences en matière de processus et de services. Nous devons cependant veiller à ce que nos services numériques assurent la pérennité de notre modèle économique actuel et futur."

 

"Cela fait déjà plusieurs décennies que nous sommes le 'partenaire durable' idéal ; nous avons juste oublié de le revendiquer !"

 

La question de la durabilité est un sujet brûlant ces temps-ci…
"La construction de ce type d'installation, avec des matériaux et des types de technologies différents et plus complexes, ainsi qu'une vaste gamme de services supplémentaires, est en parfaite harmonie avec la manière dont l'industrie et l'énergie seront repensées à l'avenir. Il est très drôle de constater que, de par la nature même de notre activité principale, cela fait maintenant presque trente ans que nous apprenons aux entreprises à gérer les matières premières, les déchets et l'énergie. La manière dont l'organisation travaille avec ses plus de 300 'Vynckeneers' est également durable. Nous avons juste toujours oublié de le revendiquer !"

 

Lauwers, architect Vyncke 2030: ‘Keep on driving’ the Vynckeneers and his motorbike

 

 

En octobre de cette année, Lauwers a été chargé de reprendre la direction de l'entreprise familiale. Peter et Dieter Vyncke ont eux-mêmes décidé qu'il était temps de quitter le navire et de se concentrer davantage sur le développement plus général des intérêts familiaux, ainsi que sur la création d'une famille d'entreprises. Cela faisait déjà 8 ans que Lauwers faisait partie du plan d'avenir de l'entreprise : "Il ne s'agit par conséquent pas d'une révolution, mais d'une simple évolution."

 

Avant de rejoindre Vyncke, cela faisait déjà 20 ans qu'il était client de l'entreprise, alors qu'il était responsable du site de Wielsbeke pour Unilin et du site de Bazeilles en France. D'abord en tant que responsable de la maintenance, puis en tant que directeur d'usine et directeur des opérations de toutes les usines de tôle. Les installations de Vyncke n'avaient de ce fait plus des masses de secrets pour lui. En 2013, Lauwers est devenu CTO chez Vyncke, puis COO en 2017, et enfin CEO cette année. Le fait que Lauwers soit un technicien dans l'âme avec un bagage considérable en matière de maintenance et d'exploitation lui permet d'être l'architecte de la future stratégie de services de Vyncke. Cet atout s'avère particulièrement utile pour identifier les besoins de l'opérateur de maintenance chez le client final. De plus, il est issu d'une entreprise familiale du secteur de la métallurgie (Lauwers NV).

 

"Les collaborateurs de l'ingénierie, de la production et des ventes apprécient énormément le fait que je m'implique rapidement dans leurs démarches. Mon rôle est de satisfaire les attentes de nos clients, sous tous leurs aspects, avec l'aide de toutes les équipes. Dans ce contexte, il est essentiel d'accorder une grande autonomie personnelle, de maintenir un degré élevé de coopération et de partager les connaissances acquises. Il est important d'offrir des opportunités aux jeunes talents pour continuer à les stimuler."

 

Quinquagénaire depuis peu, Lauwers devient à la fois nostalgique et enthousiaste lorsque nous évoquons des groupes tels que The Scabs et The Wolf Banes, qu'il a eu le plaisir de rencontrer en personne lorsqu'il était étudiant, au début des années 90. Chaque année, ce fan invétéré de Studio Brussel se rend religieusement au festival de Werchter et aime bricoler sur d'anciennes motos BMW. Il est lui-même un habitué des BMW RT, sur lesquelles lui et son épouse ont sillonné de nombreuses routes de montagne et vallées européennes. Êtes-vous curieux de savoir si nous l'accueillerons à l'avenir en tant que conférencier dans le cadre des Cours d'Experts que nous organisons lors de nos salons ? L’avenir vous le dira !

 

 

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