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Le décathlon d'un constructeur de robots plein d'ambition – Engineering from scratch with a lean twist

26-06-2025

Auteur: Karl D’haveloose

 

 

 

 

Il est déjà 15 heures lorsque je serre la main de David Wollants (COO), qui arrive enfin dans le hall de montage de Beveren-Leie après avoir été bloqué dans les embouteillages à Anvers. Du coup, nous n'avons pas trop le temps de nous faire couler un bon café comme à notre habitude, et nous nous installons donc rapidement autour d'une table dans le hall de montage, qui est très animé, un verre d'eau à la main, à moins d'un mètre du dernier prototype de robot de pliage. Yves Dabrowiecki, le CEO de l'entreprise, doit encore assister à une réunion, mais il nous rejoindra plus tard... C'est parti !

 

La création officielle de l'entreprise a eu lieu en janvier 2020, en collaboration avec les investisseurs Matthys Group, constructeur de machines textiles et partenaire technologique, et LDL Group, partenaire commercial et l'un des plus grands distributeurs de machines pour blanchisseries (Alliance, avec notamment l'ancienne société Primus).

 

Blanchisserie industrielle – consolidation et automatisation

 

Wollants a travaillé pendant une vingtaine d'années dans la vente de machines à laver d'occasion. Il connaît donc parfaitement ce marché qui, tout comme celui de la brasserie, est en pleine consolidation et se transforme peu à peu en un réseau de grands consortiums de blanchisseries industrielles. Le marché de l'occasion n'existe plus.

 

Mais le marché se consolide également dans le secteur de la construction de machines. Actuellement, Jenssen et Kannegiesser sont les deux leaders mondiaux, avec un chiffre d'affaires d'un milliard d'euros (suivis par SEWTS et Laundry Robots, dont la base installée est cependant bien plus modeste). Ils sont également les seuls sur le marché à proposer une combinaison d'une plieuse et d'un robot. Toute proportion gardée, leurs résultats ne sont pas si impressionnants, puisque le chiffre d'affaires du plus grand groupe de blanchisseries, ELIS, s'élève à environ 4,5 milliards d'euros. L'une des raisons de cette consolidation verticale est que la clientèle principale, à savoir les groupes hôteliers, ont eux aussi entamé un processus de consolidation. Elis possède quelque 300 blanchisseries en Europe, mais aussi en Amérique latine. Les grands groupes hôteliers (hospitality), mais aussi les groupes de maisons de repos et les hôpitaux, souhaitent collaborer avec un seul partenaire logistique d'envergure à l'échelle nationale, ce qui exclut donc totalement les petites blanchisseries.

 

Dans une blanchisserie industrielle, il existe une zone sale et une zone propre. La première, où arrive tout le linge sale, est fortement automatisée. Quant à la zone propre, on y trouve de nombreux processus différents qui nécessitent beaucoup de personnel (une centaine de personnes). Cette zone est donc plus difficile à automatiser. Nous nous concentrons sur le défi que représentent les articles entièrement secs (principalement les serviettes). Les opérations de tri et d'alimentation avant le pliage sont particulièrement délicates. C'est donc là que tout se complique, et en même temps là où le potentiel d'économies est le plus important.

 

 

De plus, la tendance est à l'automatisation complète de ce marché très exigeant en main-d'œuvre. Peu de gens, même parmi les immigrés, sont encore disposés à effectuer ce type de travail, qui est à la fois pénible et répétitif. Tout le monde sent bien qu'il est grand temps d'automatiser tous les processus de blanchisserie, sans quoi même les grands groupes ne parviendront pas à s'en sortir. La première étape consistait à lancer la production de plieuses de serviettes automatisées, mais avant cela, 3 prototypes ont été rapidement conçus et testés dans diverses blanchisseries. Cette initiative a permis de mettre au point une plieuse très efficace, dont on retrouve actuellement déjà plus de 50 exemplaires en service.

 

"Cette plieuse à la pointe de la technologie nous a permis de gagner la confiance du secteur de la blanchisserie, ce qui nous a permis d'atteindre notre objectif principal : le développement de notre désormais célèbre robot d'alimentation", explique David. "Notre approche ne doit rien au hasard. Les clients du secteur de la blanchisserie industrielle sont très fidèles à leurs fournisseurs, ce qui implique aussi qu'ils préfèrent acheter toutes leurs solutions auprès d'un seul et même fournisseur. Dans notre cas, il s'agit de la plieuse et du robot de pliage."

 

Le but de ce robot est de trier les serviettes ou autres textiles lavés qui arrivent par tas non triés, quelle que soit leur taille, à l'aide d'un système optique de reconnaissance de format et de positionnement, puis de les positionner, de manière à ce que les textiles à plier puissent être correctement placés sur le convoyeur de la plieuse.

 

 

Je remarque que ce robot prend beaucoup d'espace au sol. Environ six mètres carrés, si je ne me trompe pas. "C'est exact", confirme Wollants. "Mais il faut garder à l'esprit que la concurrence propose aujourd'hui des modèles pouvant atteindre 24 m² de surface au sol. Personne ne peut se permettre de d'installer de telles machines à l'heure actuelle."

 

Espace et retour sur investissement & la loi du désavantage de la longueur d'avance

 

Dans ce marché embryonnaire, l'espace et la rentabilité sont bien sûr les premiers critères déterminants. Un opérateur est capable de plier environ 750 pièces de textile par heure à l'aide d'une plieuse. Le défi auquel tous les fabricants de robots sont confrontés consiste à faire en sorte que leurs machines soient capables d'en faire au moins autant (et de manière impeccable) afin de remplacer les opérateurs humains. Le coût annuel d'un opérateur/machine peut rapidement atteindre 40.000 euros. Dans un système à deux équipes, il faut donc multiplier ce coût par 2. Les plieuses de serviettes, et certainement les robots d'alimentation existants tels que ceux que la concurrence fabrique actuellement, se bloquent plusieurs fois par heure. L'intervention humaine n'est donc pas exclue pour l'instant.

 

Mon interlocuteur fait un trait d'humour en comparant cela au premier Cybertruck : qui sera le premier à pousser la technologie aussi loin au point d'atteindre cette limite de 750 dans une situation réelle ? Le prototype sur lequel l'entreprise travaille actuellement atteint 400 pièces/heure. Le département de recherche est en train d'optimiser la machine afin d'atteindre la norme tout en restant dans une fourchette de prix abordable. Pour Wollants, il s'agit donc d'une course à la meilleure technologie robotique disponible, dans laquelle il faut également tenir compte de la loi du désavantage de la longueur d'avance. Il y a quelques années, les principaux acteurs du secteur se sont engagés dans une voie basée sur des choix technologiques et des modèles existants, qu'ils peuvent difficilement laisser tomber aujourd'hui. Cela les empêche de développer, comme nous le faisons, une technologie robotique entièrement nouvelle à partir de zéro. Pour nous, ce marché de la robotique est donc un terrain propice à l'innovation.

 

Les entreprises telles que Jensen construisent des machines très rentables et se développent également grâce à l'acquisition d'autres constructeurs de machines. Un acteur innovant comme nous attirera sans aucun doute l'attention de certains grands fabricants. Ce qui nous manque, c'est un vaste réseau de distributeurs, ce qui explique aussi pourquoi toutes nos portes restent ouvertes aux autres acteurs du secteur. Nos plieuses rencontrent actuellement un franc succès sur le marché allemand des blanchisseries. Par nature, les Allemands sont beaucoup plus exigeants lorsqu'il est question de mécanique et de technologie. Nous avons donc le sentiment d'être bien positionnés dans l'une des régions où la clientèle est la plus exigeante, ce qui nous permet d'aborder nos prochains marchés d'exportation avec d'excellentes références en matière de qualité.

 

Une longueur d'avance en matière de volumes élevés, de complexité élevée et d'encombrement réduit

 

Nous laissons Wollants nous convaincre de l'avantage que présente leur robot.

 

"Le robot embarque une technologie de caméra 3D capable d'identifier chaque pièce et d'en reconnaître la position afin de la saisir de manière optimale. L'alimentation de toutes les pièces, de différents formats (linge mixte) et dans différentes positions, leur manipulation correcte et leur préparation pour venir alimenter la plieuse constituent un défi de taille. Une blanchisserie moyenne traite 25 tonnes de linge par jour, et les grandes blanchisseries traitent plusieurs fois ce volume. Les serviettes représentent entre 40 et 60 % du volume total traité par les blanchisseries.

 

Ce qui est également révolutionnaire, c'est notre approche modulaire. Texprofin opte en effet pour une solution présentant un encombrement minimal dans la blanchisserie, où plusieurs modules peuvent être reliés entre eux en toute simplicité. Dans une blanchisserie comme ailleurs, l'espace au sol et en hauteur coûte cher. Imaginez qu'un seul module robotisé d'à peine 85 centimètres de large soit capable de traiter 250 pièces, et que vous en placiez quatre en ligne : vous disposez ainsi d'un robot capable de traiter 1.000 pièces, sans pour autant occuper beaucoup d'espace. Au niveau de la mécatronique et de la construction des machines, nous utilisons une autre méthode brevetée, au sujet de laquelle nous ne sommes pas autorisés à communiquer pendant la phase de prototypage.

 

Le marché total accessible de Texprofin

Je me mets un instant dans la peau d'un investisseur et m'interroge sur la manière d'évaluer le marché total accessible après que Wollants m'ait annoncé la récente création de Texprofin Florida. Malgré les droits de douane imposés par l'administration Trump, les premières plieuses ont été vendues aux États-Unis. Notre COO estime que le marché total accessible pour ce type de machines robotisées pourrait facilement peser 250 millions d'euros par an. Texprofin souhaite conquérir au moins un quart de ce marché, en se basant sur les acteurs qui en font actuellement partie. Texprofin est le seul acteur à disposer des connaissances nécessaires et à commercialiser un nouveau robot entièrement développé en interne, à partir de zéro. "Des investissements supplémentaires sont prévus, et les investisseurs à long terme qui souhaitent se lancer dans l'aventure avec nous sont toujours les bienvenus", précise Wollants en nous lançant un clin d'œil.

 

Wollants et Dabrowiecki, tous deux contaminés par le 'virus de la sobriété' typique de la Flandre-Occidentale

 

Originaire de la Campine, Wollants est chaque jour surpris par le zèle des habitants de la Flandre-Occidentale. "Quand je pars au bureau, je quitte la maison à 6 heures du matin, et pourtant, quand j'arrive ici, tout le monde est déjà au travail à 8 heures pile", constate-t-il. "Vous pouvez toujours essayer d'expliquer ça à un Anversois moyen", nous dit-il, en plaisantant. Celui qui lui a transmis cet enthousiasme débordant n'est autre que le baron Vic Swerts (Soudal), qui n'a pas manqué d'également lui rappeler qu'il vaut toujours mieux 'parler moins et agir plus'. En Flandre occidentale, nous parlons certes un autre dialecte, mais le message reste le même.

 

Malgré sa formation financière, Wollants a toujours été passionné par la technique, la photographie et le vélo. Sa passion pour la photographie animalière lui permet de capturer des images imprévisibles, qui sont le fruit du silence, du calme et de la patience, ce qui contraste fortement avec l'agitation qui règne dans monde de la construction de machines.

 

Né à Gand, Dabrowiecki a grandi dans le Brabant flamand et est ensuite revenu en Flandre-Orientale après avoir fait carrière dans l'armée. Il accorde une importance primordiale à une gestion ciblée, aux lignes de communication directes et à l'action concrète. Il se défoule en faisant du ski et du VTT, à condition que les terrains soient vallonnés et offrent des sensations fortes.

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