Depuis que Mark Zuckerberg s'est lancé dans le projet Meta après toutes les péripéties liées à Facebook, Youtube et compagnie ont commencé à rabâcher les oreilles des internautes avec le métavers jusqu'à en devenir carrément soûlants. Dans les années 90, à l'époque du boom des start-ups point com, Internet et le commerce électronique étaient une sorte de Graal. Personne n'avait la moindre idée de l'impact qu'Internet et une nouvelle manière d'acheter et de vendre auraient sur nos vies. Ce n'est que maintenant – et certainement depuis la crise du COVID-19 – que nous avons remarqué que nos interactions, notre travail, nos achats et nos rencontres se font d'une manière radicalement différente.
Industrialfairs se demande donc ce qui se passe réellement dans les coulisses de ce nouveau projet et si celui-ci ne va pas changer la donne dans le monde de l'Industrie 4.0. Bloomberg Intelligence indique en tout cas que la valeur du métavers devrait atteindre 800 milliards de dollars au milieu des années 2020, puis 2.500 milliards de dollars en 2030.
L'argent bon marché abondant, de nombreux grands noms suivent cette tendance de très près et saisissent la balle au bond pour assurer leur place dans la course. Nous voyons maintenant Facebook revendiquer le grand nom de l'avenir avec un rebranding qui a laissé beaucoup d'entre nous quelque peu perplexes. Permettez-moi de faire une parenthèse afin de bien clarifier une chose... Le métavers n'appartient à personne et, en fait, les principes qui sous-tendent ce phénomène futur sont fondés sur l'interopérabilité avec de nombreuses personnes et entreprises qui se déplacent et interagissent librement au sein de cet espace.
À l'heure où certaines entreprises B2C se sont lancées dans l'aventure des métavers (comme p. ex. les Hololens de Microsoft, les casques VR de Playstation, l'Oculus de Facebook, les jeux vidéo d'Epic Games, le métavers d'Alibaba, etc.), il existe incontestablement des applications susceptibles de déborder sur le secteur B2B et de redéfinir la manière dont les entreprises font des affaires, que ce soit en ligne ou hors ligne.
Le métavers industriel évolue dans tous les domaines de l'IdO et des jumeaux numériques
À mesure que nous approchons de 2023, de multiples technologies vont converger et le métavers industriel va prendre forme. Mais qu'est-ce qui va donner forme au métavers industriel ? Qui va faire cela ? Et surtout comment ? D'une part, nous avons l'Industrie 4.0 (Industrial IoT ou IIoT) qui collecte les données des appareils et des processus depuis des années. Ces données sont de plus en plus souvent stockées dans le cloud et accessibles par l'intermédiaire d'un fournisseur IdO standard, tel qu'AWS d'Amazon ou Azure de Microsoft.
Mais d'autre part, nous avons un deuxième catalyseur, qui n'est autre que le monde en 3D de la technologie du gaming, de la réalité augmentée, virtuelle et mixte, mais aussi de la CAO/IAO. Dans de nombreux cas, les usines sont déjà équipées d'une couche de jumeaux numériques. La combinaison d'une collecte de données débridée et de la technologie 3D donne naissance à un environnement animé au sein duquel les données IdO peuvent être exploitées de manière différente et innovante. Le tableau complexe du métavers industriel se précise plus concrètement lorsque nous ajoutons la collaboration à distance comme ensemble de fonctionnalités dans cet environnement, permettant à de nombreux utilisateurs d'accéder aux mêmes données en même temps et d'interagir virtuellement les uns avec les autres. Les systèmes de positionnement en temps réel peuvent ajouter une couche supplémentaire à cet ensemble et suivre la position d'une personne en temps réel, qui est affichée dans le monde en 3D, avec des avatars et d'autres informations relatives à la personne en question.
De grandes entreprises telles qu'Amazon ont déjà embrassé la tendance du métavers industriel. Le mastodonte du commerce électronique a combiné ses produits IdO et sa technologie de rendu 3D dans l'AWS IoT TwinMaker : une boîte à outils permettant de combiner les données AWS IoT avec des modèles 3D issus de la CAO.
Des environnements 3D riches et animés dans un espace industriel
Les environnements 3D riches et attrayants qui peuvent être visualisés sur n'importe quel appareil, tel qu'un smartphone, un iPad ou un casque portable, font déjà leur entrée dans l'environnement industriel. Grâce à eux, les collaborations deviennent plus fructueuses et les expériences plus conviviales pour la formation, la maintenance, le contrôle qualité visuel, les ventes, etc. La réalité mixte s'imposera encore plus vite que la réalité virtuelle, car la combinaison d'un environnement réel et de la superposition de données visualisées en 3D en temps réel offre à l'opérateur sur place une perception plus physique.
Grâce à la technologie du gaming, des représentations visuelles supplémentaires peuvent être créées et projetées dans le monde réel afin de rendre l'ensemble des données de l'opérateur encore plus pertinent. Les problèmes de connectivité sont résolus par différentes technologies, telles que la 5G et les liaisons satellites à haut débit, qui fournissent la bande passante nécessaire dans les applications industrielles ou à distance. Cette année, nous constatons déjà une adaptation accélérée dans les opérations industrielles.
Tout ce qui est bon commence par l'expérimentation
Le fait que le métavers soit actuellement hypermédiatisé invite à l'expérimentation. Cette situation donnera lieu à de nouvelles expériences et à des idées encore plus abouties. Après tout, personne ne réussit parfaitement du premier coup. Le chemin sera donc semé d'embûches, de remises en selle, d'affrontements et d'aversion du côté des dirigeants comme de celui des travailleurs.
Dans l'image ci-dessus, on voit Nvidia en train de réaliser des tests avec sa propre plateforme baptisée 'Omniverse'. Rev Lebaredian, vice-président de la technologie de simulation et de la conception d'Omniverse chez Nvidia, est responsable de la création du 'métavers pour ingénieurs', que Nvidia construit depuis des années avec une norme commune pour l'affichage des données 3D autour du format Universal Scene Description (USD) de Pixar. Grâce à USD, de nombreuses entreprises – la plateforme Omniverse compte désormais plus de 700 entreprises et 70.000 concepteurs 3D – sont à même d'intégrer leurs créations 3D dans un format commun et de réaliser des simulations pour des jumeaux numériques (entre autres). BMW construit un jumeau numérique de l'une de ses usines et le simule entièrement dans Omniverse, afin de pouvoir corriger les erreurs de conception avant de construire l'usine dans le monde réel.
Notre conclusion : Meta Platforms arrive trop tard pour la méta-industrie
Zuckerberg a beau s'être approprié le nom Meta, on ne peut s'empêcher de penser que Facebook a embarqué trop tard sur le bateau de la méta-industrie (B2B). Les entreprises technologiques telles que Microsoft, Amazon, Nvidia, mais aussi Siemens, ABB et Schneider, ont depuis longtemps adopté l'IIoT, les jumeaux numériques et la réalité étendue, ont déjà déployé de très nombreux projets Industrie 4.0 dans tous les secteurs verticaux de l'industrie et façonneront bientôt le métavers industriel.
