Auteur: Karl D’haveloose
Les prochaines années s'annoncent particulièrement enthousiasmantes pour l'industrie belge, comme en témoigne notre entretien avec Herman Derache, mais aussi la cérémonie de remise des Factory of the Future Awards, qui s'est déroulée la semaine dernière à Bruxelles. On ressent donc clairement de bonnes vibrations en prévision de ce futur si palpitant, d'autant plus que, malgré les temps difficiles que nous traversons, il semble que la plupart des entreprises manufacturières prennent désormais la numérisation et l'automatisation très au sérieux.
En attendant, revenons dans le présent, puisque nous organiserons cette année Machineering2025, le salon dédié aux technologies de fabrication dont le fil conducteur sera l'automatisation des systèmes de fabrication de pointe. Et en ce moment même, c'est Indumation Network Event qui est en train de se tenir à Louvain (20 février), tandis qu'ABISSBE2025 et ABISSNL2025, les deux sommets phares consacrés à la transition numérique dans l'industrie, sont déjà dans les starting-blocks. En arrière-plan, notre groupe de réflexion est en train de réfléchir à l'évolution d'Indumation.be vers l'Industrie 5.0.
Le moment est donc bien choisi pour vous parler un peu d'hyperautomatisation (HA). Nous allons pour cela brièvement jeter un œil du côté de Gartner pour nous assurer que les informations que nous publierons ici sont issues d'une source sûre.
L'hyperautomatisation… Qu'est-ce donc et pourquoi est-ce si important ?
L'hyperautomatisation (HA) est la combinaison de technologies de pointe permettant de faciliter ou d'automatiser des tâches qui, à l'origine, nécessitaient une certaine forme de jugement ou d'action de la part de l'homme. Ces tâches ont non seulement trait aux activités dans des environnements d'exécution, de travail ou d'exploitation, mais aussi à la réflexion, à la découverte et à la prise de décision.
L'HA comprend une combinaison de technologies, dont notamment l'automatisation robotisée des processus (en anglais : robotic process automation ou RPA), les données et l'analyse (en anglais : data and analytics ou D&A), l'apprentissage automatique (en anglais : machine learning ou ML), l'intelligence artificielle (en anglais : artificial intelligence ou AI), la robotique de pointe et bien d'autres encore, grâce à l'Internet des objets (en anglais : Internet of Things ou IoT) et aux possibilités offertes par les jumeaux numériques (en anglais : digital twins). Les technologies d'HA complètent les systèmes informatiques de base (logiciels de pilotage de la production, PGI, progiciels de GRC), les systèmes de technologie opérationnelle (OT) (exemples : SCADA, logiciels robotiques...) et les systèmes de technologie d'ingénierie (ET) (exemples : CAO, IAO, SGDT...) et contribuent à l'exécution des processus au sein des entreprises, des processus, des actifs et des systèmes.
Image : Gartner a demandé à 1.232 entreprises de lui préciser les technologies qu'elles déploieront dans les années à venir pour commencer à optimiser leur production et leur chaîne d'approvisionnement. Les grandes ambitions liées à l'IA et au Big Data figuraient ici clairement parmi les technologies les plus citées. Autre constatation frappante : pour beaucoup, l'impression 3D, les drones et la blockchain sont des technologies encore trop peu envisagées à l'heure actuelle.
Quelles compétences les entreprises attendent-elles en priorité pour faire avancer les projets d'HA ?
Tout cela est bien entendu fort louable et très ambitieux. Mais la grande contrainte demeure le manque de ressources, de personnel, de compétences et de temps, sans même parler de la multitude de défis devant être relevés. Gartner en a également profité pour demander aux entreprises quels seraient, à leur avis, les principales compétences à posséder au sein de l'entreprise pour pouvoir mener à bien de tels projets d'HA. Et nous constatons ici que le grand volant d'inertie de l'HA tourne autour de la conversion entre IT, OT et ET.
Image : Les technologies de l'HA sont souvent considérées comme le ciment entre des processus et des systèmes fonctionnant en silos, et doivent pouvoir bien fonctionner ensemble pour soutenir, développer ou même mettre en œuvre un ou plusieurs cas d'utilisation intégrés. Pour faire évoluer les technologies d'HA, différentes compétences doivent être fournies simultanément en interne et en externe par les fournisseurs de technologies et de services. Trouver une technologie fiable, éprouvée et abordable devient le principal défi. Selon Gartner, l'effet puzzle des technologies, des compétences et des fournisseurs ne conduit qu'à une seule approche possible : une approche d'hyperautomatisation composable et orientée résultats.
Approche composable de l'HA orientée résultats
Principes clés d'un portefeuille d'hyperautomatisation composable et orienté résultats
Les fournisseurs de technologies, et plus particulièrement ceux qui travaillent pour de grands intégrateurs de systèmes, sont mis au défi de créer des portefeuilles composables qui détectent et combinent des PBC (packaged business capabilities), qui représentent des cas d'utilisation professionnels concrets et qui reposent sur des applications professionnelles de base telles que l'IoT, les PGI et les systèmes de GCVP avec des technologies d'HA. Les portefeuilles composables sont nécessaires non seulement pour gérer des portefeuilles complexes, mais aussi pour rendre gérable l'intégration dans les offres de partenaires, car il n'existe pas de fournisseur unique offrant de bout en bout toutes les solutions et toutes les compétences en tant que monopoliste. La meilleure solution consiste à trouver des solutions technologiques, dites 'composables', pouvant être utilisées pour relever de multiples défis.
Cela nous amène à la dernière partie, qui concerne la complexité des partenaires technologiques, c'est-à-dire des fournisseurs, ce qui rend la tâche encore plus ardue.
Le paysage des fournisseurs (selon Gartner)
Les fournisseurs d'hyperautomatisation combinent plusieurs technologies dans le cadre des solutions qu'ils proposent. Ils proposent également des solutions ou des plateformes intégrées sous la forme de données agrégées ou même de PBC représentant des cas d'utilisation de production pour contrôler à distance des machines, des bâtiments, des personnes ou des véhicules autonomes.
Ces fournisseurs pilotent souvent des écosystèmes ou des plateformes cloud industrielles. S'ils veulent accroître la visibilité et l'évolutivité de leurs marques, ils doivent considérer les clients du secteur manufacturier et les intégrateurs comme de véritables partenaires. En général, ces grands fournisseurs ont une clientèle considérable dans l'industrie et disposent déjà de données provenant de multiples études d'opportunité. Les offres des fournisseurs les plus populaires combinent les technologies suivantes dans leurs écosystèmes :
Sachez qu'il n'est pas vraiment possible de trouver un fournisseur capable de prendre en charge tous les défis, tous les segments et tous les processus. Nous ne nous positionnons d'ailleurs pas en tant que consultants dans ce contexte.
Ce qui se passe généralement, c'est que des collaborations complémentaires émergent entre plusieurs fournisseurs de technologies tels que SAP, Alteryx, Salesforce, Tableau, ServiceNow et autres pour pouvoir proposer un pack de services complet.
Mais ce n'est pas tout. Les intégrateurs de systèmes dépassent de plus en plus les intégrations IT/ET pour s'intéresser également à l'OT et commencent même à développer leurs propres applications de Données et d'Analyse pour les suites de systèmes IT/ET/OT ou les frameworks de solutions. Ils construisent leur proposition de valeur à partir de solutions de bout en bout, en utilisant les meilleurs produits disponibles chez différents partenaires technologiques. Les intégrateurs de systèmes veulent également jouer un rôle de conseiller de confiance et de prestataire principal dans les différentes phases du parcours de transition numérique menant à l'hyperautomatisation.
Et enfin, outre les fournisseurs et les intégrateurs de systèmes, on retrouve ici bien évidemment aussi les éternels Accenture, Tata, IBM, Cognizant, Deloitte, EY et autres qui viennent proposer leurs services de gestion de la transition et du changement.
Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette publication de Gartner ?