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Les entreprises manufacturières deviennent-elles toutes des constructeurs de machines ? Le fabricant de systèmes de rayonnages stow International devient la 'rackstar'

26-01-2021

Une tendance notable que nous allons mettre en évidence dans cette lettre d'information-ci est que l'Industrie 4.0 est en train de transformer les entreprises manufacturières traditionnelles en véritables partenaires de solutions technologiques. Pour mieux vous expliquer tout cela, nous avons rencontré Jos De Vuyst de stow International, autour d'une délicieuse tasse d'expresso.

 

Un vendredi soir plutôt morose, vers 17 heures – une semaine avant Noël et en plein confinement. Il y a pourtant pas mal de mouvement sur site de stow, dans le parc industriel d'Espierres-Helchin. Au moins 32 camions font la queue pour livrer leur cargaison. J'arrive à la réception, qui à cette heure est sans personnel, mais je suis rapidement conduit vers la cage d'escalier. Je pénètre alors dans le bureau très spacieux mais sobre de Jos De Vuyst, le CEO de stow International. Le courant passe immédiatement avec mon hôte, qui est décontracté, très aimable, et surtout extrêmement attentionné, puisqu'il me sert un expresso parfaitement réussi. Je décide de ne pas y aller par quatre chemins : "Je ne suis pas ici pour le énième article sur l'Entreprise de l'Année". Il me fait un clin d'œil – nous savons tous deux déjà très bien de quoi nous allons parler…

 

Où en est cette PME familiale de Flandre occidentale qui pesait 3 millions d'euros ?

 

En 1987, l'entreprise de systèmes de rayonnages de Flandre occidentale passe aux mains de la famille Sagaert et de l'entrepreneur Philippe D'Heygere. Jos De Vuyst appelle cela la 1ère phase de vie de stow. Après une bonne vingtaine d'années, stow, qui pesait au départ à peine 3 millions d'euros, en pèse pas moins de 50 millions en 2001. Durant cette période, stow a quitté l'usine de Wevelgem, qui était devenue trop petite, pour s'installer à Espierres-Helchin, où elle a fait construire une usine de systèmes de rayonnages hypermoderne à la fin des années 90. Cette usine est d'ailleurs toujours le fleuron de stow sur le plan de l'automatisation. De Vuyst souligne : "Il est aussi difficile de passer de 3 à 50 millions d'euros de chiffre d'affaires que de passer de 50 à 200 millions d'euros". Les performances, les risques et les engagements sont en effet identiques.

 

La 2ème phase (2001-2013) commence avec la vente de la société au groupe suisse Kardex, qui est coté en bourse. Le chiffre d'affaires passe alors de 50 à 180 millions d'euros, et une structure mieux adaptée et des processus plus rentables sont mis en place. Le but du rachat par Kardex était de transformer cette entreprise en un groupe d'automatisation de la logistique capable de fabriquer, installer et intégrer. En 2012, Kardex envisage de remettre stow en vente, mais le management est convaincu du potentiel de croissance de l'entreprise. Un nouveau véhicule d'investissement, Averys, est alors créé, combinant un rachat par la direction à hauteur de 15 % et, au total, la constitution d'un capital-investissement.

 

Dans l'actuelle 3ème phase, le chiffre d'affaires grimpe d'abord à 350 millions d'euros (2018), et ensuite à 614 millions d'euros (2020). Il est donc question d'un doublement depuis 2013. En 2018, stow International a rejoint le portefeuille de Blackstone private equity. Lorsque l'on me demande si stow International sera un jour une société cotée, j'esquisse un sourire rêveur en guise de réponse. "Nous avons délibérément opté pour une structure de capital-investissement qui offre à stow la possibilité de se développer avec beaucoup moins de contraintes, et surtout de rester discrète", indique De Vuyst.

 

 

Change Management 4 Game Changers

 

Le cœur du processus de changement réside dans le slogan "one brand – one team". Au cours du processus de création d'Averys, plusieurs entreprises du secteur ont été rachetées, dont les marques Storax et Ferralco. stow International exploite 8 sites de production et compte Schäfer et Mecalux parmi ses concurrents les plus directs. En 2019, la décision a été prise d'exploiter toutes les marques de systèmes de rayonnages sous une seule et même marque, avec une équipe de vente dédiée par pays. Ci-dessous, vous trouverez un bref aperçu des principaux points de cette stratégie.

 

Les ambitions de stow au sein d'un plan en 4 étapes

 

  1. Croissance organique en Europe afin de faire augmenter le chiffre d'affaires de 50 à 100 millions d'euros par an et d'optimiser les bénéfices
  2. Innovation : les systèmes de rayonnages constituent le cœur de métier de l'entreprise, mais la division technologie est elle aussi en pleine croissance. Avec les Shuttles automoteurs 2D et bientôt 3D produits sous la marque Atlas, le fabricant de systèmes de rayonnages se transforme en un fournisseur de systèmes high-tech pour l'automatisation des entrepôts. Les shuttles Atlas placent les palettes à l'intérieur et à l'extérieur des rayonnages, et nécessitent moins d'espace pour les chariots élévateurs et la manutention. Les logiciels et le matériel des shuttles sont presque entièrement conçus en interne. L'intégration est assurée par stow, ainsi que par des partenaires. L'objectif est de faire en sorte qu'Atlas devienne le leader du marché en Europe, et dispose de sa propre équipe de vente dédiée, qui pourrait aussi rivaliser avec des projets dépassant le cadre de la marque de systèmes de rayonnages. Des solutions complexes sont mises en œuvre avec l'aide de 15 intégrateurs spécialisés tels que Dematic et Swisslog. stow devient de plus en plus souvent un fournisseur dans le sous-système pour des projets WMS/WCS, et ce indépendamment de sa gamme de solutions de rayonnages.
  3. Fabrication et développement aux États-Unis. D'ici dix-huit mois, stow entend fabriquer localement et développer sa propre organisation commerciale aux USA. Là-bas, le potentiel d'automatisation des entrepôts est en effet considérable.
  4. La dernière mission consiste à faire de stow International le spécialiste des systèmes de rayonnages le plus rentable, avec un EBITDA d'au moins 12 %.

 

 

What about China?

 

Stow a récemment fermé son usine chinoise et a vendu le terrain que celle-ci occupait. "En soi, ce projet a été très instructif et constitue une bonne opération immobilière", poursuit De Vuyst. "Mais le bon sens et la juste répartition des ressources sont plus importants que la réflexion autour de la Chine". Le CEO conclut que la Chine est fantastique pour les entrepreneurs qui osent s'y aventurer, qui disposent des ressources nécessaires, et qui tiennent compte d'un marché où les autorités interviennent de manière inattendue, où les acteurs locaux non conformes aux réglementations poussent comme des champignons (et disparaissent tout aussi vite), où les produits sont contrefaits, et où les brevets sont ignorés. "J'ai beaucoup de respect pour les entreprises qui se lancent sur le territoire chinois, et même si je sais qu'il ne faut jamais dire jamais, nous sommes aujourd'hui libres de nous développer de manière exponentielle et rentable sur d'autres continents, et c'est cette carte-là que nous sommes en train de jouer."

 

“Une entreprise qui ne se développe pas n'a aucune raison d'exister”

 

Faire du surplace, c'est faire marche arrière – c'est la logique même. Mais évoluer en passant d'un spécialiste des systèmes de rayonnages qui transforme 365.000 tonnes d'acier à une entreprise technologique disposant de ses propres systèmes d'entreposage robotisés n'est pas une mince affaire. Nous sommes actuellement à la recherche de 70 nouveaux collaborateurs, qui travailleront principalement dans la division engineering. Pour réaliser 600 millions d'euros, vous avez besoin de 160 ingénieurs et de personnel spécialisé dans la R&D. Notre rayonnage bleu-orange n'est plus une simple marchandise. Notre acier est plus léger, plus fin, et nos systèmes ont été complètement réinventés pour répondre aux différentes exigences au niveau international.

 

"Nous sommes à présent l'Entreprise de l'Année, mais en interne, nous et nos collaborateurs nous efforcerons toujours d'atteindre cet objectif. Bien que nous ne courions pas après les médias, les clients, les prospects et surtout les demandeurs d'emploi peuvent aujourd'hui se faire une idée précise et nouvelle de ce que stow International représente réellement. Sur le plan stratégique, nous préférons rester lean et under the radar. Pour ce qui est de la question de savoir ce qui viendra après le Blackstone Group, De Vuyst est formel : le management s'améliore constamment dans tout ce qu'il fait. Et nous voulons conserver notre position de "Star des systèmes de rayonnages" à tout prix.

 

Le CEO affirme : "L'engineering en interne est notre moteur de croissance, et ne doit pas devenir notre goulot d'étranglement, car cette situation menace plusieurs PME. Les connaissances doivent être partagées entre les employés en interne comme en externe, afin que la perte d'un collaborateur essentiel ne se transforme pas en catastrophe. Nous disposons donc de ressources de remplacement à tous les niveaux."

 

 

Quelles sont les principales préoccupations de Jos De Vuyst ?

 

Nous avons beaucoup parlé de la recherche des collaborateurs adéquats. Mais voici les choses qui nous ont donné du fil à retordre…

 

COVID-19 : de mars à août 2020, tous les clients européens ont dû ralentir la cadence ; nos usines ont été à l'arrêt, et nos 1.700 collaborateurs ont été dans l'impossibilité de vendre, de fabriquer et d'assembler. Octobre, novembre et décembre ont toutefois été des mois exceptionnels. Notre carnet de commandes est bien sûr rempli de commandes en retard, mais le COVID-19 a entraîné une nouvelle accélération du rythme de l'automatisation, combinée aux investissements logistiques réalisés dans le monde entier en vue du développement du commerce électronique. Indépendamment des risques de recrudescence et de mutation du virus et des confinements en série, nous envisageons l'année 2021 avec un optimisme prudent. En ce qui nous concerne, la reprise devrait être structurelle et non temporaire.

 

Prix des matières premières : le prix de l'acier monte en flèche. La Chine est demandeuse, mais les autres continents le sont aussi. Avant la crise du COVID-19, certains grands fournisseurs avaient déjà réduit leur production et leurs stocks d'acier, et il faudra un certain temps avant que la chaîne d'approvisionnement puisse résoudre ce problème de pénurie. Nous prévoyons une stabilisation au cours du deuxième trimestre.

 

Brexit : le marché britannique représente 4 % de notre chiffre d'affaires. Nous pensons que ce marché recèle un certain potentiel de croissance, car de nombreux centres logistiques seront mis en place des deux côtés de la Manche pour faciliter le développement de ce marché complexe.

 

Une chaîne d'approvisionnement plus proche : sans vouloir exagérer, nous sommes convaincus que notre électronique ne doit pas nécessairement venir de Chine, et notre acier de Corée ou de Turquie. Nous suivons la tendance des grands fournisseurs à fournir de plus en plus de plateformes locales pour compenser les événements du mois de mars.

 

Le contact humain, le réseautage et les rencontres directes avec les clients : la première chose à laquelle mes équipes et moi-même allons nous atteler est le remplacement des réunions via Teams de 14 heures par des réunions physiques là où cela s'avère nécessaire. Nous voulons en effet à nouveau rencontrer nos clients et toutes les parties prenantes sur le terrain et dans le cadre de salons professionnels. Et nous ne sommes certainement pas les seuls dans ce cas!

 

 

Jos De Vuyst – A cunning aviator, flying under your radar, with nothing but “ Love Song” on.

 

Pour conclure, nous avons fait une tentative quelque peu "sportive" de dresser le profil de Jos De Vuyst par le biais de 4 questions que nous lui avons posées. Ses réponses, que vous trouverez ci-dessous, vous donneront elles aussi matière à réflexion.

 

1. Que préférez-vous : une réception de réseautage ou un dîner entre bons amis ?


Sans hésitation, la deuxième option! Je ne suis pas un grand adepte du réseautage, mais j'aime rendre visite à mes clients un par un, de préférence en personne. Je ne passe pas ma vie dans les réceptions. Passer du bon temps en compagnie de bons amis est aussi rare qu'abordable.

 

2. Jardiner ou lire un bon livre ?


Un jardin n'est pas fait pour y travailler, mais pour y prendre du plaisir en se plongeant dans un bon livre. Les biographies d'entrepreneurs comme Bezos, Musk et Jobs sont une parfaite source d'inspiration et de divertissement.

 

3. Assister à une réunion du conseil d'administration ou rendre visite à de nouveaux clients ?


Les réunions du conseil d'administration ne font que réitérer ce qui a déjà été fait. Avec les visites de clients, vous changez l'avenir de votre entreprise. De nouveaux clients et de nouveaux produits, c'est ça l'avenir!

 

4. Beatles ou Rolling Stones ?


Simple Minds! Aucun doute à ce sujet... Je rêve de monter un autre groupe où je serais moi-même derrière les claviers. Je connais par cœur toutes les paroles de mon groupe de new wave favori.

 

Sachant que Jos De Vuyst est aussi un pilote passionné, on peut le "classer" dans la catégorie des stratèges attachants, qui n'ont pas besoin de s'imposer et qui n'ont aucune crainte des hauteurs.

 

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