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BO-Solutions: Mastering high complexity ou Masters in high complexity?

23-05-2024

Auteur: Karl D’haveloose

 

 

 

 

Mon GPS me guide sans aucune difficulté vers un parc d'activités économiques à Roulers. Cette zone, que Google Maps appelle 'Het land van belofte' (que l'on pourrait traduire en français par 'La terre des promesses') me semble en effet extrêmement prometteuse, mais aussi très familière, puisque Donald Muylle et son fils Christ m'y avaient invité quelques mois plus tôt afin de me faire visiter leur usine qui se trouve un peu plus loin sur la route.

 

 

Me voilà à présent dans le très impressionnant nouveau bâtiment, en compagnie de Nancy Van Damme et Bart Vandepitte, les fondateurs de cette entreprise d'usinage de précision qui connaît une croissance rapide (j'en profite d'ailleurs pour remercier Tjorven Denorme d'Agoria qui nous a mis en contact). Van Damme me fait d'emblée oublier mes inévitables préjugés en me faisant comprendre qu'elle et son conjoint ne forment pas le couple d'entrepreneurs traditionnel, où l'homme est le fervent batailleur et la femme, en arrière-plan, la personne chargée du soutien administratif. Van Damme et la paperasserie ne sont d'ailleurs pas du tout faites pour aller ensemble, et Vandepitte tient également à être un leader empathique dont la principale ambition est d'assurer la pérennité de l'entreprise.

 

Nous nous lançons donc sans tarder dans l'interview, car la croissance demande du temps et de l'argent. Le couple, qui forme manifestement un tandem parfaitement soudé, a repris les activités de l'entreprise d'usinage industriel Bruyneel-Oosterlinck à Roulers en 2013, à la suite de la crise financière qui avait eu lieu à l'époque. Ce fournisseur était déjà bien connu de clients tels que les grands constructeurs de machines et fabricants de véhicules non routiers de Flandre-Occidentale. Et son savoir-faire était considérable. Mais ses atouts ont été renforcés et ses faiblesses, comme p. ex. son portefeuille de clients peu diversifié et donc à risque, ont été immédiatement corrigées. Le duo a donc pris l'engagement de continuer à améliorer la qualité et le service à la clientèle, et y est de toute évidence parvenu.

 

"BO-Solutions est aujourd'hui devenue une PME de sous-traitance prospère qui emploie 25 personnes", explique Nancy. "Elle compte plus de 100 clients dans des secteurs très diversifiés, allant de la robotique à la construction de machines, en passant par l'industrie alimentaire. Cette entreprise manufacturière établie à Roulers est experte dans les domaines les plus divers de l'usinage, du fraisage et du tournage CNC 5 axes, du rodage, du meulage, du brochage, mais aussi du soudage et du mesurage."

 

 

"Nous sommes fortement axés sur le travail de précision sur mesure, souvent complexe et exigeant, ainsi que sur les pièces de machines qui doivent être développées, numérisées et paramétrées à partir de zéro. Grâce à la rétro-ingénierie, les pièces existantes sont redessinées dans le but de les améliorer, de les modifier ou de les réparer, garantissant ainsi une durée de vie plus longue aux machines, ce qui constitue un atout de taille dans une économie axée sur la durabilité. L'avantage pour le client est double, puisqu'il bénéficie à la fois d'une livraison rapide et d'un prix plus avantageux."

 

Le parc machines fait principalement appel aux prouesses technologiques de Mazak et de DMG-Mori. "Pour les pièces plus complexes ou les petites séries de travaux de fraisage, nous utilisons les fraiseuses 5 axes DMG en raison de la facilité d'utilisation et des nombreuses possibilités de programmation offertes par ces machines. Pour les séries plus importantes et récurrentes, nous utilisons les fraiseuses Mazak, qui sont équipées de systèmes de palettisation permettant une production efficace. En ce qui concerne la technologie de tournage CNC, notre préférence va à Mazak en raison de sa proximité et de l'excellent service offert par son siège européen en Belgique, qui offre également des possibilités de formation à nos opérateurs."

 

Une marque forte et des compétences de haut niveau

 

 

Dans notre entretien avec BO-Solutions, nous ne voulons pas nous limiter aux seules questions de technologie et de numérisation. Les deux chefs d'entreprise sont convaincus que les sous-traitants 2.0 ont depuis longtemps cessé d'être ces petits 'insignifiants' auxquels personne ne s'intéresse dans le secteur de la transformation des métaux.

 

"Pour qu'une entreprise puisse rester pertinente, tant aux yeux de ses clients que de ses propres employés et des nouveaux talents, il faut absolument agir à la fois sur la marque de l'entreprise et sur la marque de l'employeur", poursuit Van Damme. "Il est essentiel que notre marque d'entreprise reflète notre savoir-faire, notre qualité et nos compétences, tandis que notre marque d'employeur met en évidence notre culture d'entreprise, nos valeurs et les opportunités qui s'offrent à notre personnel. Toute l'équipe sait que la croissance est notre objectif et que son développement personnel en est l'élément clé. Car ne pas avancer, c'est reculer."

 

"Nous sommes actuellement engagés dans un exercice de matrices de compétences, qui nous permet de faire le point sur l'ensemble des compétences de notre équipe et d'identifier celles qui font défaut. L'âge moyen de notre personnel (40 ans) offre l'avantage de favoriser les échanges fructueux de connaissances au sein de notre équipe, favorisant ainsi le perfectionnement le plus poussé possible des jeunes travailleurs de la nouvelle génération grâce à la formation que leur offrent leurs collègues plus expérimentés."

 

À cette fin, Van Damme et Vandepitte comptent beaucoup sur le réseau d'Agoria, de Sirris et de Mtech+ pour propulser leur entreprise à un niveau supérieur (Accelerator Challenge / Connect & Learn).

 

Défis et opportunités

 

Vandepitte philosophe un instant sur l'état actuel des choses. "La branche du travail de précision est aujourd'hui confrontée à plusieurs défis, mais c'est aussi grâce au reshoring et à l'onshoring, entre autres, que les travaux de meilleure qualité – disons les plus complexes – sont en train d'être rapatriés en Europe de l'Ouest." Le 'Made in Belgium' n'est pas qu'un simple label, c'est une promesse de qualité et de savoir-faire. Cependant, malgré ces aspects positifs, les entreprises belges perdent des parts de marché, en partie à cause de l'augmentation des coûts élevés de la main-d'œuvre et de l'énergie, ainsi que d'un handicap de 4 à 5 % en termes de coûts de main-d'œuvre par rapport aux concurrents directs en Europe. BO-Solutions s'efforce toutefois de transformer chacun de ces défis en opportunités et continue donc d'investir dans la croissance et l'innovation. Pour ce faire, elle se concentre sur un niveau de personnalisation très élevé, en privilégiant les pièces très complexes produites en petites séries, mais aussi en élargissant sa clientèle et en augmentant le nombre des secteurs d'activité qu'elle couvre. Le défi ne se situe pas seulement au niveau du fonds de roulement, mais surtout au niveau du capital humain. Le nombre de personnes possédant des connaissances en conception industrielle/mécanique qui arrivent sur le marché du travail est trop faible. La formation en interne et le perfectionnement des compétences des étudiants constituent dès lors une solution parfaitement envisageable."

 

 

Je confronte aussi brièvement Vandepitte à la déclaration de Carl Berlo (le CEO de 247TailorSteel), qui dans le cadre de D2M (le salon consacré à la conception et à la fabrication) avait fait allusion à ce qui allait se passer dans le secteur de la transformation de la tôle. Le secteur de la transformation de la tôle du Benelux se trouvant dans une situation difficile, il plaide en faveur d'une numérisation et d'une automatisation poussées pour pallier le manque de personnel et de compétences. Ce à quoi Vandepitte répond de manière très éclairante.

 

"L'usinage et la transformation de la tôle sont deux processus fondamentalement différents, chacun ayant sa propre valeur. La transformation de la tôle exige souvent un haut degré de complexité à plus grande échelle, tandis que l'usinage est axé sur la microprécision, qui permet d'obtenir des pièces présentant des tolérances de l'ordre du millième de millimètre. Cela implique des différences non seulement dans la technologie, mais aussi dans les approches en matière de conception, les compétences des opérateurs et les exigences en matière de mesures, ce qui aboutit à un produit final totalement différent. Bien que l'automatisation et la robotisation restent sans nul doute des solutions efficaces pour les entreprises qui produisent des volumes considérables, notre secteur à forte mixité, faible volume et grande complexité exige une approche davantage axée sur les compétences", précise Vandepitte. "Nos opérateurs jouent un rôle crucial dans l'interprétation de fichiers CAO complexes, la fabrication de pièces de précision et l'exécution de travaux de mesure précis pour répondre aux normes de qualité rigoureuses que notre produit exige. Et c'est là que le travail des employeurs permet de réellement se démarquer, car chez BO-Solutions, on a besoin de gens."

 

"BO-Solutions est tout à fait consciente de la valeur que présente la transformation numérique, qui peut contribuer à améliorer l'efficacité opérationnelle, le service à la clientèle et le développement de produits, mais seulement sous certaines conditions. Jusqu'à présent, BO-Solutions avait d'autres priorités que la transition numérique, étant donné que l'entreprise est principalement spécialisée dans le travail à la pièce. Les avantages de la numérisation et de la robotisation sont moins marqués dans ce contexte, étant donné que chaque pièce est fabriquée sur mesure, et que c'est la capacité de jugement et le savoir-faire des collaborateurs qui permettent de se démarquer. Les avantages de l'automatisation, de la robotisation et de la numérisation doivent toutefois être étudiés et calculés, mais de manière réfléchie. C'est pourquoi nous avons fait appel à Sirris pour nous guider dans cette démarche. Étant donné que nous travaillons principalement à la pièce, nous pensons que l'automatisation n'apportera pas de grands bénéfices dans l'immédiat. En revanche, les attentes que nous nourrissons à l'égard de l'IA sont très élevées. Mais cela n'est pas encore à l'ordre du jour. Pour l'heure, BO-Solutions utilise un PGI similaire à celui de SAP et attend avec impatience d'éventuelles extensions et l'implémentation d'une couche MES."

 

Le Yin inséparable du Yang pour une stratégie axée sur le client

 

 

Nancy Van Damme et Bart Vandepitte incarnent l'un et l'autre le Yin et le Yang, qui unissent la personne rêveuse et celle qui est partisane de la raison. Le fait qu'ils partagent tous deux le même signe astrologique, celui du Capricorne, n'est d'ailleurs certainement pas une coïncidence, puisqu'ils se complètent à la perfection. Van Damme est issue du monde de la communication : l'orientation client, une culture d'entreprise axée sur l'humain, l'entrepreneuriat durable et l'établissement de liens sont ses principaux chevaux de bataille. Vandepitte est quant à lui ingénieur industriel et est le visionnaire le plus axé sur les chiffres et la technologie. Ils travaillent 12 heures par jour et consacrent leurs rares moments libres à leur famille et à leurs amis.

 

Les deux quinquagénaires n'ont toutefois pas besoin de choses extravagantes pour être heureux. Il leur suffit p. ex. de découvrir un authentique restaurant de tapas (Bar Cañete) en compagnie d'amis dans une petite ruelle perpendiculaire aux Ramblas de Barcelone, ou encore de dîner chez Spetters sur les quais de Breskens. Leur rêve commun serait de partir à la découverte de la faune en Afrique du Sud. Et si cela ne tenait qu'à Vandepitte, une simple escapade en bord de Lesse pour pêcher à la mouche constituerait déjà un moment de relaxation paradisiaque. Mais tous deux sont aujourd'hui au sommet de leur carrière, et ces petits plaisirs sont donc mis en suspens pour l'instant.

 

Lorsqu'on leur demande quel est leur leitmotiv à tous les deux, ils répondent unanimement 'Customer First' (le client d'abord). Mais comme le dit fort bien Simon Sinek, "avant que les clients puissent aimer une entreprise, il faut d'abord que ses propres employés l'aiment", ce qui explique pourquoi tant les clients que les employés sont au cœur de la stratégie de l'entreprise. L'un ne va pas sans l'autre et vice versa. Et ils en sont tous deux convaincus !

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