Auteur: Karl D’haveloose
Avec leur façon de se mouvoir tout à fait troublante et leur 'perfection' qu'ils doivent à leur absence d'âme, les humanoïdes sont voués à remplacer les opérateurs humains. C'est en tout cas ce que certains prophètes de mauvais augure écrivent aujourd'hui sur le sujet. Mais chez IndustrialFairs, nous sommes, tout comme vous, des personnes positives et, pour la plupart, formées pour avoir une vision plus large des réalités auxquelles nous sommes confrontés. Venons-en donc directement aux faits... Les robots humanoïdes ont-ils un avenir dans les ateliers industriels ? Et comment les applications évoluent-elles dans le monde occidental et en Chine ?
La dernière fois que j'ai vu un robot de Boston Dynamics en mouvement, j'ai véritablement cru qu'il y avait un humain à l'intérieur de la machine. Pas littéralement, bien sûr, mais quelque chose dans la fluidité des mouvements – la précision, l'étonnante synchronisation – m'a semblé de moins en moins robotique et de plus en plus proche d'une entité biologique vivante, plus humaine ou tout au moins animale. Maintenant, aussi génial que tout cela puisse paraître dans les shorts sur YouTube ou sur TikTok, en tant qu'ingénieur ou directeur d'usine, cela n'a que peu d'intérêt pour vous.
Les robots de Boston Dynamics, en particulier l'Atlas, donnent souvent l'impression d'être contrôlés par une intelligence cachée, organique – peut-être l'écho numérique d'un ganglion de la base (réseau neuronal), ou tout ce que nous avons en nous qui fait que nous savons comment courir, nous équilibrer, pivoter et nous redresser sans avoir à y penser de manière consciente. Aujourd'hui, après 30 ans d'expérimentation et de perfectionnement grâce à Nvidia, Toyota Research et le Robotics and AI Institute, Stretch, et enfin Spot, ont tous deux commencé à se faire une place dans le monde de l'industrie.
Boston Dynamics est déjà parvenue, discrètement mais sûrement, à s'imposer comme le leader incontesté en matière de réalisme du mouvement. Et tout l'intérêt ne réside pas uniquement dans le côté sensationnel de la chose ; il y a aussi – et même surtout – une question de praticité. Le nouvel Atlas électrique a été conçu pour le travail réel (levage de charges lourdes, manipulation précise, tâches répétitives) dans des environnements industriels où sa forme humanoïde le rend plus utile, et pas seulement plus impressionnant.
Musk a beau affirmer que son robot humanoïde Optimus sera présent dans des milliers d'usines dès l'année prochaine, des analyses comparatives ont montré que ce robot est beaucoup plus grand, plus cher, moins mobile et plus limité en termes de fonctionnalités.
Maintenant que Hyundai prévoit de déployer des dizaines de milliers de robots, dont Spot et Stretch, et que la première démonstration de faisabilité commerciale de l'Atlas est prévue dans la nouvelle usine Metaplant du constructeur automobile en Géorgie, la réponse commence à pencher en faveur de la seconde solution.
David Robert, directeur de l'interaction homme-robot chez Boston Dynamics, évoque brièvement l'évolution de l'entreprise, la réaction du public, les innovations technologiques qui permettent d'obtenir des mouvements réalistes et l'horizon commercial qui se profile.
En raison de leurs mouvements réalistes, les robots de Boston Dynamics suscitent souvent de vives réactions, mêlant fascination et inquiétude. Boston Dynamics construit des machines sur pattes dynamiquement stables depuis plus longtemps que n'importe quel autre fabricant au monde. Cela fait en effet plus de 30 ans qu'elle œuvre dans ce domaine. Il est important pour le concepteur de robots de montrer la réalité de ce que ces robots sont capables de faire, ce qui explique pourquoi il n'utilise aucune image générée par ordinateur ni aucun autre artifice de montage dans ses vidéos.
Alors que l'ancien grand Atlas, aujourd'hui à la retraite, se contentait de faire des acrobaties, de sauter et de se retourner, le nouvel Atlas, plus petit, a été conçu avec des formes et des fonctions motrices encore plus humaines et est adapté à un environnement de travail réel. Le besoin d'une robotique mobile, plutôt que d'installations fixes de cages et de bras robotiques, est une réalité.
Grâce à une plus grande amplitude de mouvement, la tête et le torse de l'Atlas sont capables d'une rotation illimitée et peuvent soulever et manipuler des objets lourds et de forme irrégulière. Lorsqu'ils seront déployés dans des environnements industriels réels, la valeur et l'utilité de ces robots deviendront donc plus évidentes. Leur tête en forme de lampe a été spécialement conçue pour paraître moins intimidante dans un environnement de travail humain.
Boston Dynamics a récemment étendu son partenariat avec Nvidia, grâce à quoi l'entreprise peut à présent exploiter la plateforme informatique Jetson Thor de Nvidia, qui permet à l'Atlas d'exécuter des modèles d'IA multimodaux complexes qui sont parfaitement compatibles avec les contrôleurs de manipulation et du corps entier de Boston Dynamics. Le partenariat avec le Toyota Research Institute (TRI) et le Robotics & AI Institute (RAI) permet au fabricant de robots d'accélérer de plus belle le développement des humanoïdes.
Et puis il y a... les Chinois !
Du côté de nos voisins qui ne lâchent rien, l'Unitree G1 et le Xpeng Iron font beaucoup parler d'eux. Tous deux sont beaucoup plus légers que l'Atlas et l'Optimus, et ils sont aussi beaucoup moins chers et plus faciles à produire. Un G1 coûte actuellement 16.000 USD, c'est-à-dire cinq fois moins cher qu'un Atlas.
Avec sa soixantaine de points d'articulation et son amplitude de mouvement de 200 degrés, le Xpeng Iron se montre particulièrement utile pour des opérations industrielles très spécifiques. Il est clair que les Chinois optent pour des modèles particulièrement bon marché et pouvant être produits en masse. Boston Dynamics opte quant à elle pour une technologie haut de gamme, un contrôle par l'IA avec des ajustements en temps réel et un comportement d'apprentissage, mais aussi une large palette d'ensembles de tâches pouvant être réalisées.
Concrètement…
Les Chinois optent pour des humanoïdes bon marché et rapidement déployables qui conquièrent rapidement le marché, tandis que les Américains optent pour des robots haut de gamme, déployables dans de nombreux environnements et plus coûteux, capables d'accomplir des tâches plus complexes. En Asie, les versions bon marché sont déployées très rapidement. En toute franchise, lorsque j'effectue une recherche approfondie avec Google Gemini et Perplexity, en posant la question de savoir combien d'humanoïdes industriels sont déjà utilisés en Asie, j'obtiens des rapports plutôt décevants. Mais je vais quand même vous les présenter…