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ANTICIPEZ PLUSIEURS VIRAGES – 'VINCERE INSIEME' AU SOMMET DE LA FABRICATION 4.0

19-09-2023

Auteur: Karl D’haveloose

 

 

 

 

Wouter Van haute, Operations Manager chez Altachem (Lindal Group), qui a remporté un Factory of The Future Award en 2023, me guide à travers les bureaux de l'usine du futur de Harelbeke. En cette journée d'été particulièrement caniculaire, nous nous posons autour d'un expresso dans la salle de réunion. Et nous nous mettons immédiatement au travail, car Van haute est une personne pleine d'entrain qui n'a pas l'habitude de perdre son temps.

 

 

Altachem (fondée en 1992 par Aster De Schrijver, qui se trouve également être le co-inventeur de la mousse monocomposant) est née de la conviction que les valves des bombes de mousse PU rencontraient de nombreux problèmes lors de l'utilisation de substances PUR collantes et durcies. La connaissance des produits chimiques, de meilleurs matériaux et de meilleures conceptions devaient permettre d'obtenir de meilleurs produits. À l'époque, les pistolets à mousse PU faisaient également partie du domaine d'expertise et, grâce à l'ingénierie intégrée et à un réseau très étendu de clients techniques, les pistolets faisaient historiquement partie de l'assortiment de produits. Le savoir-faire de De Schrijver et le réseau de clients ont été le moteur de la croissance de l'entreprise. Aujourd'hui, les Soudal de ce monde savent bien sûr mieux que quiconque comment créer de nouvelles mousses.

 

À partir de 2006, la production de valves et de pistolets a pris le dessus et la concurrence existante a été supplantée par le savoir-faire, la qualité et le service de l'entreprise. En 2006, Altachem (qui était alors encore établie à Deinze) a réalisé un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros (en vendant 50 millions de valves et 100.000 pistolets à mousse PU). En 2011, après plusieurs années de croissance à deux chiffres (atteignant 22 millions d'euros), l'entreprise a été vendue à son concurrent Lindal Group (spécialisé dans la fabrication de valves et d'actionneurs). Au cours de ces 5 dernières années, des pistolets à silicone ont été ajoutés à l'assortiment. Aujourd'hui, Altachem génère un chiffre d'affaires de 32 millions d'euros et emploie 30 personnes, dont 4 se consacrent à la R&D, assurant ainsi le développement de produits fabriqués par l'entreprise elle-même ou de produits de bout en bout pour des clients tels que Novatio et Soudal. Dans le domaine des valves, les volumes ont plus que doublé et, hors Chine, Altachem est le numéro 1.

 

Cadre concurrentiel : la fiabilité, l'innovation et l'allègement de la charge l'emportent sur le prix

 

 

Van haute donne tout de suite le ton : "Altachem ne fournit ses valves qu'aux fabricants de mousse PU et de silicone (les pistolets à silicone et à mousse sont aussi vendus à la grande distribution). Les consommateurs ne voient donc pas la marque Altachem sur les produits et les composants de l'entreprise. Il y a tout d'abord les clients des valves, 75 fabricants internationaux de mousse PU tels que Soudal et Den Braven, ainsi que les marques qui ne font que du silicone telles que Fischer, Berner et Würth, sans oublier les grandes marques de distribution ou les marques de distributeurs (pour lesquelles le conditionnement est généralement effectué par des fabricants tels que Soudal). Ce dernier marché est nettement plus concurrentiel parce qu'il y a beaucoup de fournisseurs potentiels de pistolets (outils), entre autres."

 

Pour Van haute, la cocréation est plus importante qu'on ne le pense. Altachem fait fabriquer ses outils en Chine, en cocréation avec le client (look-feel-packaging-moules), et ces outils sont bien sûr brevetés. "Sur le marché des valves, où Altachem occupe une position de leader, la Chine exerce une concurrence redoutable au niveau des prix", poursuit le COO. "Même si une valve n'est pas forcément le composant le plus cher d'une bombe aérosol, il s'agit incontestablement d'une pièce critique. Une valve défectueuse peut en effet entraîner des pertes et des dommages considérables sur une ligne d'emballage. Les clients sont d'ailleurs très inquiets à ce sujet, et font donc preuve d'une grande prudence à l'égard des nouveaux modèles. La Chine est actuellement en retard en ce qui concerne les variations et la logistique. En outre, pour ces clients, il est nécessaire d'offrir un CTS (customer technical service) dans le monde entier, qui peut se rendre sur place pour résoudre les problèmes liés aux produits et aux machines."

 

"Dans le département outillage, la différence doit être marquée au niveau de la logistique et de l'allègement de la charge du client. Nous disposons aujourd'hui de facilement plus de 200 unités de gestion des stocks sur place. Chaque semaine, au moins deux conteneurs en provenance de Chine sont distribués sans faille dans tous les pays", souligne mon interlocuteur.

 

Assemblage, distribution et cerveaux à Harelbeke

 

 

Pour l'assemblage de valves, Altachem dispose de trois machines à Harelbeke, dont deux lignes d'assemblage grande vitesse à mouvement continu, qui assurent le montage de 30.000 valves par heure, avec un système de contrôle de la qualité en cours de fabrication. Sous la pression de la mousse, la moindre saleté ou fissure est susceptible de provoquer d'importantes fuites et de très fâcheux temps d'arrêt chez les clients.

 

"Les machines créent un vide d'une seconde dans le système de contrôle pour détecter toute fuite éventuelle et, le cas échéant, la valve est automatiquement écartée. Altachem doit maintenir une sélection très stricte de ses fournisseurs, et tous les moules externes sont des moules propriétaires pour les pièces en plastique, en métal et en caoutchouc", précise mon compagnon de dégustation d'expresso.

 

Lean et Industrie 4.0 avec une approche aussi pragmatique, humaine et financièrement abordable que possible

 

 

"Cela fait déjà des années qu'Altachem collabore avec des universités, des centres de compétences et des établissements d'enseignement supérieur", explique Van haute. "Heureusement, nous avons jeté les bases du Lean et de l'amélioration continue avec des coachs spécialisés dans le Lean il y a plusieurs années. Ce n'est que plus tard que nous y avons ajouté les connaissances que nous avons acquises grâce à l'Industrie 4.0". Van haute est d'avis que les principes de base du Lean sont nécessaires pour étayer les concepts de l'Industrie 4.0, ce qui permet de renforcer de plus belle les performances en matière de fabrication Lean.

 

"Les lignes d'assemblage constituent le cœur de l'usine", explique l'Operations Manager. "Le plus grand défi a été de réduire tous les temps d'arrêt possibles (Optimisation OEE 2.0). Pour ce faire, nous avons connecté les machines individuelles à des plateformes intelligentes (Catael) pour surveiller l'OEE en temps réel sur de grands écrans. Tout temps d'arrêt ou dysfonctionnement est immédiatement signalé au niveau de l'opérateur par un message accompagné de la description et de la localisation de l'incident."

 

Van haute poursuit : "Cerise sur le gâteau : en collaboration avec Squadron, nous avons mis en place un projet pilote faisant appel à des montres connectées. Quel que soit l'endroit où l'opérateur est en train de travailler, la montre émet une vibration et affiche les informations pertinentes et correctes sur son écran. Nous sommes ainsi parvenus à augmenter l'OEE de 2 % supplémentaires, atteignant un taux exceptionnel de 96 %. Nous voulons à présent étendre ce concept à un environnement IdO."

 

 

"Cet environnement IdO est également idéal dans le cadre du projet pilote relatif à notre premier VGA", indique Van haute. "Le VGA doit amener des palettes de la sortie à l'entrepôt, de l'entrepôt à la machine et vice-versa. Le défi consiste à faire en sorte que les messages d'obstruction du VGA soient également signalés sur la montre. Cela peut paraître simple, mais ce n'est pas le cas. Il est p. ex. possible que le VGA tourne sur un autre serveur, ce qui nécessite déjà le développement d'interfaces spécifiques. Avec l'aide de partenaires tels que Sirris et l'Université de Gand, nous sommes aussi en train de vérifier si notre architecture ne devrait pas fonctionner avec des brokers MQTT. Il s'agit de serveurs qui reçoivent des notifications de différents clients et les convertissent en notifications et itinéraires appropriés pour d'autres appareils (p. ex. les machines, le VGA ou les montres connectées)."

 

Depuis son siège, Altachem utilise aujourd'hui le PGI S4/HANA. Avant cela, l'entreprise utilisait la version B1 de SAP pour les PME. "En tant que membre de Lindal Group, nous avons été informés il y a deux ans que nous devions être les premiers à passer à S4/HANA. À l'époque, nous étions confrontés à des contraintes budgétaires qui nous obligeaient à passer immédiatement à la dématérialisation totale, à la saisie des données et au logiciel de pilotage de la production (250 K)." Van haute avait alors décidé de fractionner la partie coûteuse de ces projets et de déployer la dématérialisation avec Catael, entre autres, au coup par coup, en fonction des priorités. "Nous avons ensuite commencé à tester la RFID et les codes-barres", se souvient Van haute. "Avec les étudiants et Flagstone, nous sommes parvenus à mettre au point une plateforme qui permet toujours d'établir la connexion nécessaire entre l'atelier et le PGI."

 

Juste avant de faire le grand saut vers S4/HANA, Van haute est passé de la version étudiante du MES à 24Flow. "Nous disposons donc à présent à la fois d'un MES personnalisé et d'un PGI très performant. Heureusement, nous avions déjà créé de nombreux liens avec SAP pendant que nous utilisions la version MES Light, ce qui a permis une migration vers S4/HANA dans un délai beaucoup plus court, tout en minimisant la perte de données." Van haute a toujours le regard fixé sur le prochain virage.

 

Actuellement, pour les valves, la quasi-totalité de la logistique interne est assurée par des VGA. Pour les produits commerciaux, j'ai entendu dire que ce taux est de 40 % (le chargement et le déchargement des camions se font encore manuellement). Globalement, ce taux sera porté à 75 %. Les étiquettes de palettes reprenant les informations de localisation sont créées à partir de 24Flow, et les VGA reconnaissent les ordres figurant sur l'étiquette. "Pour l'avenir, nous pensons qu'il sera préférable d'optimiser l'utilisation des caméras plutôt que de poursuivre notre chemin dans le domaine de la RFID", ajoute Van haute.

 

La durabilité est le prochain grand enjeu pour Altachem et pour l'ensemble du groupe. La priorité d'Altachem est de faire en sorte que les opérateurs et les magasiniers acquièrent des compétences numériques et d'alléger les tâches répétitives, sans oublier de trouver les nouveaux profils adéquats pour assurer la croissance de l'entreprise. Compte tenu de la difficulté à trouver de nouveaux collaborateurs sur le marché de l'emploi, l'automatisation, la numérisation et l'efficacité sont des atouts absolument indispensables.

 

Un message destiné à toutes les PME

 

"La visite des Manufacturing Days en 2013, par exemple, m'a permis d'ouvrir les yeux", nous confie le COO. Aujourd'hui, des événements tels qu'Indumation.be et ABISS sont devenus incontournables, y compris pour les PME qui souhaitent fabriquer de manière automatisée et numérisée à l'avenir. La sempiternelle excuse consistant à prétendre que de tels projets pilotes ne sont pas adaptés aux budgets des PME est totalement dépassée. J'ai grand plaisir à citer la réponse que Van haute a donnée à la question portant à savoir s'il participe à ABISS. "Dans le pays de la fabrication, il faut vraiment avoir vécu constamment dans une grotte pour ne jamais avoir visité ABISS. Continuez à trouver des partenaires, à nouer des contacts, à apprendre et à expérimenter."

 

Everything is People et triompher ensemble

 

 

Mon interlocuteur est un Poisson né en 1979. Réseauter, être prévoyant et motiver les gens, voilà ce que Van haute fait le mieux. Van haute est ingénieur industriel en électromécanique. Pour lui, le cours d'Ignace Martens sur la Gestion de la Production a été la clé de voûte de son avenir professionnel. Van haute ne s'intéresse pas particulièrement aux points, aux virgules et au code binaire, mais plutôt à la mise en œuvre de la technologie, avec et pour les personnes, et pour le bien commun.

 

Ses goûts en matière de musique sont aussi variés que la diversité des technologies qu'il a adoptées, son éventail de favoris s'étendant de Rammstein à Ramazotti. Van haute est un grand amateur de cyclisme, qui attend toujours avec grande impatience sa prochaine ascension du col du Stelvio à vélo. En dehors du travail, il partage son temps à parts égales entre le sport/la famille et les amis. Les plats et les vins italiens sont incontestablement ses sujets de prédilection. Et pour rester dans la culture romaine, 'Vincere Insieme' (vaincre ensemble) est son credo. D'ailleurs, nous sommes très impatients d'assister à son intervention à ABISS2023, au cours de laquelle il expliquera comment l'usine d'Altachem est devenue une véritable usine du futur.

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