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Fin de la pénurie de puces : ouf ! Mais ne crions pas victoire trop vite…

28-02-2023

 

 

 

 

En décembre 2020, 19 États membres de l'Union européenne ont signé une déclaration dans le cadre de l'"Initiative européenne sur les processeurs et les technologies des semi-conducteurs", dans le but de permettre à l'UE de redevenir une puissance mondiale dans le secteur des semi-conducteurs. Cette déclaration commune a pour objectif d'améliorer la coopération et de multiplier les investissements dans les équipements et les matériaux, la conception et la fabrication avancée, ainsi que le conditionnement, en s'engageant à apporter un soutien financier à hauteur de 145 milliards d'euros.

 

 

En décembre 2020, 19 États membres de l'Union européenne ont signé une déclaration dans le cadre de l'"Initiative européenne sur les processeurs et les technologies des semi-conducteurs", dans le but de permettre à l'UE de redevenir une puissance mondiale dans le secteur des semi-conducteurs. Cette déclaration commune a pour objectif d'améliorer la coopération et de multiplier les investissements dans les équipements et les matériaux, la conception et la fabrication avancée, ainsi que le conditionnement, en s'engageant à apporter un soutien financier à hauteur de 145 milliards d'euros.

 

Cette initiative intervient à un moment critique. Cela fait maintenant déjà un certain temps que les fabricants de semi-conducteurs de l'UE perdent du terrain face à leurs concurrents, surtout à l'heure où des acteurs internationaux de premier plan sont en mesure de fabriquer des puces plus petites et plus sophistiquées. Par ailleurs, les dépenses d'investissement de l'industrie européenne des semi-conducteurs ont stagné à environ 4 % des dépenses globales (Asie-Pacifique : 63 % en 2019). Il est donc grand temps d'agir, et pas seulement par le biais de l'initiative susmentionnée ou d'une augmentation des dépenses d'investissement.

 

Sur le plan de la recherche, l'UE est très présente dans le domaine des petites et moyennes séries de wafers de 100 et 200 mm. Les principaux centres de développement sont Fraunhofer en Allemagne, IMEC en Belgique et CEA-Leti en France. Ceux-ci joueront un rôle essentiel dans l'intensification des efforts de R&D de l'UE nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par l'initiative de l'UE.

 

Roland Berger estime toutefois que les fonds ainsi débloqués et les compétences dont nous disposons ne suffiront pas à rattraper le retard accumulé par l'Europe. La seule option pour les fabricants de puces européens serait donc de coopérer avec de grands acteurs étrangers, comme Intel, Samsung et TMC.

 

Such examples highlight that technology transfer from non-EU partners is just as important as financial support. Indeed, the EU’s EUR 145 billion investment package will be ineffective without such partnerships. But combined, the two prongs of financial support and productive partnerships with non-EU players will ensure that the EU semiconductor industry can re-establish itself as a global powerhouse and safeguard Europe’s industrial innovation. (Michael Alexander – Roland Berger 2021)

 

FIN DE LA PANDÉMIE – BIEN REÇU, TERMINÉ !

À mesure que le monde se relève de la pandémie, les stocks se reconstituent, mais la demande baisse. Le secteur des semi-conducteurs reviendra-t-il en 2023 ? Ces dernières années, la chaîne d'approvisionnement mondiale a connu de graves perturbations, la plus importante étant la pénurie de semi-conducteurs due à la forte demande enregistrée pendant la pandémie.

 

Pendant deux ans, cette pénurie a affecté le secteur de l'électronique, mais comme les ventes d'appareils ont ralenti fin 2022 et que les stocks ont commencé à se reconstituer, il semble que le niveau de disponibilité des puces soit plus ou moins revenu à la normale. Quant à savoir si la pénurie de puces est bel et bien derrière nous, il est difficile de se prononcer à ce sujet qui n'est pas aussi noir ou blanc qu'on pourrait le croire.

 

L'état du marché – le point sur l'offre et la demande

SIA, Murray Hill, BDO et d'autres encore, dans le but de dégager un certain consensus, ainsi que quelques éléments de compréhension, dans les différentes prévisions ayant été formulées.

Pour certains secteurs, comme celui de l'électronique grand public, la pénurie de puces s'est atténuée en raison d'une baisse de la demande due à une récession imminente, à l'inflation du coût de la vie et à des niveaux de stocks plus élevés, comme l'a noté John Waite, vice-président de la chaîne d'approvisionnement mondiale chez la société internationale de services professionnels Genpact. "La baisse de la demande devrait s'étendre aux marchés des entreprises en 2023", a-t-il ajouté.

 

Pour les puces sans mémoire, il a déclaré que les arriérés de commandes seront résorbés, que des stocks excédentaires seront créés et que les délais d'exécution seront raccourcis, alors que la demande en matière de voitures et de conduite autonome reste très forte.

 

"Le marché des semi-conducteurs entre dans un cycle de correction majeur, car la demande d'ordinateurs personnels, de smartphones, de tablettes et d'électronique grand public a fortement chuté", a déclaré Gaurav Gupta, (vice-président analyste chez Gartner), lors d'une récente séance de questions-réponses organisée par le cabinet d'études. "Bien que les puces ne soient plus dans une 'zone de pénurie', il existe encore des déséquilibres dans les stocks, car il y a une abondance de certaines puces et une indisponibilité d'autres", a déclaré Gupta.

 

 

Selon lui, il devrait y avoir cette année une offre excédentaire non négligeable sur le marché des puces mémoire en raison de la faiblesse de la demande de terminaux, malgré le ralentissement de la production enregistré du côté des fournisseurs. Cette situation devrait également affecter les composants analogiques. "Dans l'ensemble, la plupart des catégories de puces font apparaître une amélioration des stocks", a déclaré Gupta. "Alors que la demande des consommateurs pour les semi-conducteurs continue de baisser, le marché des entreprises, qui comprend les réseaux, les serveurs et le stockage, devrait lui aussi connaître une offre excédentaire importante de puces, ce qui contribuera à atténuer le déséquilibre des stocks et à faire baisser les prix", conclut-il.

 

"L'électronique grand public est en tête de cette tendance de correction à la baisse", a déclaré Mark Granahan, cofondateur et CEO d'iDEAL Semiconductor. Celui-ci poursuit en précisant que : "Les prix des mémoires sont en baisse, tandis que les stocks de composants de communication et de composants analogiques/de puissance ont considérablement augmenté et que les réservations ont diminué, les fournisseurs réduisant leurs stocks en vue de faire face à la baisse de la demande. Le premier et le deuxième trimestre de l'année seront affectés, mais on peut espérer que la demande au troisième et au quatrième trimestre retrouvera un meilleur équilibre."

 

LES FABRICANTS D'ÉQUIPEMENT D'ORIGINE ACHÈTENT MOINS DE PUCES ET RELOCALISENT LEURS ACTIVITÉS

Selon les résultats préliminaires de Gartner, les 10 premiers fabricants mondiaux d'équipement d'origine ont réduit leurs dépenses en puces de 7,6 % et représentaient 37,2 % du marché global en 2022. La plupart des 10 premiers clients de semi-conducteurs sont de grands équipementiers d'ordinateurs personnels et de smartphones.

 

La pénurie de puces n'est pas encore tout à fait terminée, "mais nous nous attendons à ce qu'elle s'atténue l'année prochaine, à mesure que la demande mondiale ralentit et que les marchés retrouvent leur équilibre", a déclaré Tom Stringer, National leader of Site Selection & Business Incentives chez BDO USA, un groupe international de cabinets d'expertise comptable, de services fiscaux et de conseil. "Même si la situation s'améliore, nous prévoyons qu'il y aura un excédent de certaines pièces, dû au fait que les consommateurs ont demandé moins d'appareils électroniques et de voitures en 2022", a souligné Stringer.

 

"Pour certaines pièces, comme celles utilisées par les fabricants d'ordinateurs personnels et de serveurs, l'offre est supérieure à la demande, ce qui entraîne une baisse des prix de ces composants", a-t-il poursuivi. "En même temps, on constate que la demande de certains types de puces spécifiques reste importante, notamment celles utilisées par les constructeurs automobiles et dans la 5G", a-t-il ajouté. "Les constructeurs automobiles, en particulier, sont toujours confrontés à de graves difficultés pour obtenir les puces dont ils ont besoin, ce qui oblige certains d'entre eux à réduire encore la production ou à réécrire les logiciels pour pouvoir utiliser des puces différentes ou moins nombreuses", a précisé Stringer.

 

La loi CHIPS, adoptée à l'été 2022, s'inscrit dans une démarche visant à rendre les États-Unis plus compétitifs face à la Chine et à atténuer certaines perturbations de la chaîne d'approvisionnement côté Asie. "L'industrie attend avec grande impatience la demande officielle pour entamer le processus d'examen et de financement", a déclaré Stringer. "Nous pensons que celle-ci sera prête fin février ou début mars."

 

John Neuffer, président et CEO de la Semiconductor Industry Association, a quant à lui déclaré que "les entreprises de l'écosystème de l'industrie des semi-conducteurs ont réagi avec enthousiasme depuis l'introduction de la loi CHIPS, annonçant de nouveaux projets à travers toute l'Amérique, totalisant des centaines de milliards de dollars d'investissements privés et soutenant des centaines de milliers d'emplois américains." Neuffer a également indiqué qu'une entrée en vigueur efficace et dans les meilleurs délais de la loi CHIPS permettra de maximiser l'impact de la nouvelle loi et de redynamiser la fabrication de puces et l'innovation aux États-Unis pour de nombreuses années à venir.

 

Mike Burns, managing director chez Murray Hill Group, une société d'investissement spécialisée dans les technologies et les chaînes d'approvisionnement, a lui aussi abondé dans sens. "J'espère que la loi bipartite CHIPS and Science permettra de relancer non seulement le leadership technologique, mais aussi la renaissance de la fabrication aux États-Unis", a-t-il déclaré. "Il est temps de créer une chaîne d'approvisionnement fiable et plus proche de chez nous ou de nos partenaires, en minimisant le risque de perte de propriété intellectuelle."

 

Et d'ajouter : "Si ces questions sont prises en considération comme il se doit lors de l'allocation des ressources, nous serons une fois de plus à l'avant-garde de cette technologie qui définit notre société." Stringer est convaincu que la loi CHIPS produit déjà l'effet escompté, à savoir rendre les États-Unis plus compétitifs dans le domaine de la fabrication de semi-conducteurs. "De nombreux fabricants prévoient toujours de passer à une stratégie d'externalisation onshore ou nearshore", a-t-il déclaré. "En fait, nous en sommes aux premiers stades de la migration de l'écosystème des semi-conducteurs."

 

Bien que la construction de nouvelles usines prenne du temps, "les organisations rechercheront également les opportunités les plus stratégiques pour déplacer la production de leurs puces, la conception, le conditionnement et d'autres composants critiques aussi près des États-Unis que possible de manière à pouvoir répondre à cette évolution", a ajouté Stringer.

 

La loi CHIPS et un soutien similaire dans la zone EMEA donnent lieu à des efforts considérables visant à rééquilibrer l'offre mondiale, a noté Waite, "mais en chiffres absolus, ces efforts sont bien inférieurs à ceux déployés en Asie. L'engagement de Samsung à hauteur de [plus de] 400 milliards de dollars, ainsi que l'investissement de TSMC de 100 milliards de dollars à Taiwan et de 40 milliards de dollars en Arizona, sont absolument stupéfiants."

 

PRÉVISIONS ET POINTS PROBLÉMATIQUES


La SIA nous apprend qu'en 2022, les ventes mondiales de l'industrie des semi-conducteurs ont atteint 573,5 milliards de dollars, soit le total annuel le plus élevé jamais enregistré et une hausse de 3,2 % par rapport au total de 555,9 milliards de dollars enregistré en 2021. Cependant, les ventes ont ralenti au cours du second semestre, et les ventes mondiales de décembre 2022 se sont arrêtées à 43,4 milliards de dollars, soit une baisse de 4,4 % par rapport au total de novembre 2022.


Neuffer reste néanmoins persuadé que le marché des semi-conducteurs retrouvera son dynamisme à long terme. "Malgré les fluctuations à court terme observées dans les ventes en raison de la cyclicité du marché et du contexte macroéconomique, les perspectives à long terme du marché des semi-conducteurs restent incroyablement positives en raison du rôle toujours plus important que jouent les puces dans la création d'un monde plus intelligent, plus efficace et mieux connecté."

 

Waite de Genpact dresse à son tour un tableau optimiste, mais note toutefois que "le secteur devant passer de 583 milliards de dollars en 2021 à 1.000 milliards de dollars dans les années à venir, il y aura certainement des zones où l'offre sera insuffisante." Même s'il y a un "net ralentissement" en 2023, Waite estime que "l'industrie des semi-conducteurs peut toujours atteindre 1.000 milliards de dollars, même si certains défis réels devront être relevés pour atteindre cette croissance, à commencer par la résilience, sans oublier le développement de la chaîne d'approvisionnement (tant pour la capacité des puces que pour l'ensemble de l'écosystème sous-jacent), ainsi que l'incroyable guerre des talents qui devra être menée."

 

Il a également précisé que "les politiques liées aux pandémies, les sanctions et les restrictions en matière de propriété intellectuelle resteront des obstacles de taille dans les années à venir. Tout porte cependant à croire que plusieurs segments connaîtront un équilibre et un excédent au cours du deuxième semestre de 2023 – et que 2024 sera équilibré et limité sur certains points."

 

"La croissance de nouvelles régions, comme l'Inde, nécessitera du temps et des investissements conséquents, car l'infrastructure n'est pas encore en place", a ajouté Waite. Alors que le rythme des investissements mondiaux reste très rapide, le défi consistant à répondre aux besoins de talents, à développer des chaînes d'approvisionnement résilientes et durables et à aborder des questions géopolitiques complexes "fera partie de la nouvelle normalité pour l'industrie des semi-conducteurs et devra être relevé", a-t-il déclaré, pour conclure.

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