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Les machines à bois abordables commencent par des procédés de fabrication rationnels et peu coûteux : les pièces produites par fa rendent le procédé addi(c)tif attractif

23-05-2023

Auteur: Karl D’haveloose

 

 

 

 

Gert Muijs (CEO de ROBLAND) me tend sans attendre un caffè lungo servi avec grande générosité. Nous sommes de vieilles connaissances, car il y a tout juste quelques semaines, lors du salon Machineering 2023, il avait présenté son Cours d'Expert sur l'impression 3D rentable de composants pour machines en plastique (cours que vous pouvez visionner ici)

 

 

Fondé en 1968 par Robert Landuyt, Robland est un fabricant belge de machines à bois destinées aux marchés de niche des menuisiers employant de 1 à 10 personnes, ainsi qu'aux amateurs les plus passionnés (historiquement, Robland avait d'ailleurs commencé par proposer des machines dans le segment le plus onéreux du marché du bricolage). Aujourd'hui, le prix d'une machine combinée avoisine facilement les 7.000 euros. En Belgique, Robland propose une gamme de machines conventionnelles et à commandes numériques, ainsi que des machines combinées pour le sciage, le fraisage, le perçage et le rabotage. La société fournit en outre tout l'équipement nécessaire à l'aspiration des poussières à l'intérieur des bâtiments. Robland distribue actuellement ses machines dans le monde entier par l'intermédiaire de distributeurs opérant dans 85 pays, et plus de 85 % d'entre elles sont destinées à l'exportation. En Belgique, vous trouverez les machines de Robland chez Deta, Goosens, Haco, Lekime, Leza, Lismont, Merlier, Schêne, Sogecam, etc. La société emploie environ 80 personnes, qui assurent la fabrication de quelque 3.200 machines par an dans l'usine de Bruges, qui s'étend sur une superficie de pas moins de 20.000 m².

 

Avant la pandémie de COVID-19, les ventes annuelles avoisinaient les 13 millions d'euros. En 2021, les ventes ont grimpé à 17 millions d'euros. Et en 2022, elles ont atteint 19,7 millions d'euros. Bien sûr, il y a eu une certaine pression sur les marges en raison de l'indexation des salaires et de l'augmentation des coûts de l'énergie et des matériaux. En ce qui concerne les ventes de 2023, le CEO de Robland reste plutôt prudent. "Les raisons qui expliqueraient un éventuel ralentissement sont à la fois psychologiques et économiques", entend-on du côté des clients-distributeurs. Les menuisiers se montrent plus prudents après avoir entendu les nombreux échos faisant état d'une hausse des taux d'intérêt, mais aussi en raison du ralentissement du marché de la construction (et de la rénovation). De plus, de nombreux distributeurs se retrouvent avec des stocks excédentaires. On assiste donc bel et bien à un effet coup de fouet.

 

Pour les profanes, l'effet coup de fouet correspond à une accumulation de stocks après une période excessive caractérisée par une explosion des commandes, comme ce fut le cas lors de la pandémie de COVID-19. Lorsque le marché se calme, les fabricants et les distributeurs se retrouvent donc avec des stocks excédentaires dont ils doivent progressivement se débarrasser.

 

La scie à panneaux est le cœur de toute menuiserie – Leader du marché européen

 

 

Quelle que soit sa taille, chaque menuiserie a besoin d'une scie à panneaux en complément de ses différentes machines de pointe. Même chez les grands fabricants de cuisines, où l'on usine surtout des panneaux de bois, cela reste vrai : si quelque chose ne va pas, c'est la scie à panneaux qui est mise à contribution. "Même la première machine combinée qu'a utilisée Donald Muylle à l'époque était une Robland", plaisante Muijs. "Robland fabrique bien sûr aussi des machines pour le fraisage et le rabotage du bois massif. Pour les machines-outils industrielles plus lourdes, il faut plutôt s'adresser aux fabricants italiens et allemands. Mais en Belgique, à part Robland, il n'y a pas vraiment d'autres fabricants dans notre segment, mais plutôt des distributeurs traditionnels de marques étrangères", précise Muijs.

 

"Nos principaux concurrents viennent de Chine. De façon assez ironique, la croissance de notre chiffre d'affaires que nous avons enregistrée au cours de ces dernières années s'explique par le fait que la production chinoise et le transport par conteneurs étaient au point mort, de sorte que la Chine ne pouvait pas approvisionner l'Europe. Et ce problème touche aussi bien les fabricants de marques chinoises (KDT) que les fabricants européens qui font assembler certaines machines en Chine. Notre marché reste très conservateur en termes de clients. Par rapport aux débuts de Robland, nous avons dû accorder beaucoup plus d'attention à l'aspect et aux caractéristiques de nos machines pour parvenir à la position que nous occupons aujourd'hui sur le marché en tant que marque. Du fait qu'à l'époque, nous fabriquions des machines moins chères pour les amateurs et que nous nous sommes ensuite tournés vers les professionnels, on nous a considérés comme les Chinois européens", poursuit Muijs, visiblement amusé par cette comparaison. "Pour ce qui est des scies à panneaux abordables, nous sommes le leader du marché européen."

 

Quand le 'service' et la 'livraison ponctuelle' deviennent un modèle d'entreprise à part entière

 

Il y a deux points qui nous permettent de nous distinguer : d'une part, la réduction des délais de livraison et de production et, d'autre part, la possibilité pour les clients de bénéficier de services d'entretien et de réparation assurés par des techniciens de notre usine. Muijs note que de plus en plus de distributeurs sont confrontés à une pénurie de techniciens pour l'entretien et les réparations. Cela oblige inévitablement Robland à proposer son propre service de réparation et d'entretien pour mettre à l'abri ses ventes futures. Et il s'agit là d'un vrai défi supplémentaire, car il faut être en mesure de trouver des employés qualifiés, tout comme il est nécessaire de faire en sorte que ceux-ci restent dans l'entreprise. Robland Services pourrait bien devenir un nouveau modèle d'entreprise à part entière. Muijs nuance ce point en précisant que les machines à bois restent opérationnelles pendant très longtemps et que ce sont en fait plutôt les outils qui s'usent au fur et à mesure de leur utilisation. Robland ne vend pas elle-même d'outils, et ce de manière délibérée, afin de ne pas contrarier ses différents distributeurs et clients.

 

Des routines de production héritées du passé au Design 2 Quick Response Manufacturing – le temps joue un rôle essentiel.

 

 

Gert Muijs était responsable de la production chez Volvo Cars et est entré en service chez Robland en 2008, à la demande de son père, qui dirigeait alors temporairement Robland. Cela signifie que Muijs a repris la direction de l'usine juste avant la crise financière. Son premier défi a donc consisté à restructurer en profondeur l'entreprise qui, à l'instar des autres entreprises du secteur, était confrontée à l'implosion du marché. Cela fait aujourd’hui 15 ans que Gert Muijs travaille chez Robland, et il en est aujourd'hui le CEO. Les mesures de restructuration ont également porté sur les produits et les méthodes de production. Sur le plan technologique comme sur le plan humain, le principal défi consistait à faire comprendre à tous que la fabrication de produits de qualité ne pouvait plus se faire comme 20 ans plus tôt. En 2008, la société n'avait en effet pas encore pris conscience que c'était en réalité le facteur 'temps' qui constituait le plus grand défi, et que les stocks de composants devaient être ajustés en temps réel en tenant compte de la fluctuation des carnets de commandes.

 

 

Dans le cadre de la production, Muijs a résolument choisi d'appliquer les principes de la fabrication à réponse rapide (en anglais : Quick Response Manufacturing ou QRM). À l'époque, les produits de Robland étaient toujours axés sur la même optique consistant à se positionner dans un segment de prix abordable. Mais il n'est pas possible de battre la Chine sur ce terrain, pas plus qu'il n'est possible de faire face à la concurrence qui règne dans le segment supérieur des produits les plus chers. La promesse de Robland doit donc être un bon rapport qualité / prix / service, combiné à une livraison rapide. Et le flux de l'ingénierie à la production doit être calqué sur ce modèle.

 

Lorsqu'on lui demande dans quelle mesure Robland est numérisée et automatisée, Muijs apporte plusieurs nuances. "Côté production, nous disposons de trois robots, dont un seul robot de soudage, ainsi que de plusieurs centres d'usinage ultramodernes dotés de systèmes de chargement et de déchargement automatisés, et de systèmes de palettisation automatiques. Les ventes et la préparation du travail sont elles aussi pratiquement sans papier. Des applications personnalisées d'Azumuta et de Propos (QRM) sont associées au PGI Navision. Pour la prochaine étape, nous souhaitons entièrement numériser la vente de pièces détachées et de machines par le biais d'une plateforme web et d'un configurateur. Nous sommes actuellement en train de structurer et de télécharger toutes les données nécessaires pour ce faire."

 

Time is on our side

 

 

"Pour les raboteuses et les scies à panneaux, le délai de livraison est une priorité", enchaîne Muijs. "Si un client a besoin d'augmenter sa capacité de production ou s'il est confronté au dysfonctionnement d'une de ses machines, une nouvelle machine doit pouvoir lui être livrée aujourd'hui plutôt que demain. Car dans pareil scénario, le client passera des appels à gauche et à droite pour savoir qui est à même de livrer la machine dont il a besoin dans les délais les plus brefs. Depuis cette année, toutes les machines de notre gamme peuvent être livrées dans la semaine qui suit la commande."

 

"La façon dont les machines et les composants sont développés est modulaire. Par le passé, il y a eu une énorme prolifération de conceptions et de composants. Si vous aviez des stocks importants à l'époque et que vous avez besoin d'une pièce aujourd'hui, cela signifie que vous avez commencé à construire cette machine il y a deux ans. Certaines personnes ne comprennent pas cette logique", fait remarquer le CEO.

 

Muijs explique brièvement comment les choses se déroulaient autrefois : "Concrètement, au cours d'une période comme celle que nous vivons actuellement, il est nécessaire d'alléger le plus possible les stocks. En période de pandémie de COVID-19, les délais de livraison atteignaient parfois 8 mois. Mais cette année, nous les avons ramenés à seulement 4 semaines. Des délais de livraison de 8 mois signifient que vous ne verrez pas le moindre centime avant 8 mois, alors que c'est précisément aujourd'hui que vous devriez investir dans vos pièces. Tout cela n'est plus possible à notre époque (prix des matières premières)."

 

"Au sein de l'entreprise, les différentes équipes ont bien compris la nouvelle mission de Robland et ont donc formulé toutes sortes de suggestions que nous examinons tous ensemble. Mais la grande question qui se pose est toujours la même : "Est-ce que cela permettra de gagner du TEMPS dans l'ensemble des flux de production ? Parfois, nous devons tempérer l'enthousiasme de nos collaborateurs, qui est particulièrement vif en ce moment." Pour tout ce qui touche à l'informatique et à la transition numérique, Muijs fait office de filtre. Pas à pas, la numérisation des processus internes et des processus clients est déployée avec prudence et pondération.

 

Après plusieurs années d'ensemencement (expérimentation), la ferme d'imprimantes 3D récolte aujourd'hui d'importants bénéfices en termes de temps et de matériaux

 

 

Robland fait aujourd'hui régulièrement parler d'elle dans la presse professionnelle grâce à sa ferme de 70 imprimantes. Muijs en est tout à fait convaincu : "L'impression 3D des pièces nous aide à atteindre notre objectif consistant à raccourcir les délais de livraison. Cela peut sembler drôle, mais l'impression permet de gagner du temps, même si elle est en soi beaucoup plus lente que le fraisage et le tournage. En réduisant la taille des séries et le nombre d'étapes intermédiaires, l'impression 3D est nettement plus rapide sur l'ensemble du cycle, de la commande à la livraison."

 

Muijs nous éclaire davantage : "Il faut moins de stocks et de types de matières premières, on passe moins de temps à effectuer des réglages, on utilise moins d'outils, et les déchets peuvent être recyclés. Le PLA est obtenu à partir d'amidon de maïs et est donc beaucoup plus durable que le PVC et l'acier. Côté consommation électrique, une imprimante consomme environ 80 W. Nous imprimons actuellement 179 pièces différentes, à raison d'un total de quelque 90.000 pièces par an, ce qui correspond à un volume de matière première de 280 kg/mois."

 

Muijs ne voit pas l'intérêt pour Robland d'utiliser une imprimante métal avant au moins cinq ans. Pour le moment, ce type de machine est plutôt destiné aux secteurs de la haute technologie, de la médecine et aéronautique et spatial, où les critères de tolérance, les exigences et surtout les marges sur les pièces sont suffisamment élevées. Pour des pièces dont le coût unitaire est inférieur à 200 euros, le jeu n'en vaut cependant pas la chandelle.

 

"La pénurie de composants électroniques que nous connaissons actuellement reste le seul goulet d'étranglement de notre chaîne d'approvisionnement", souligne le chef d'entreprise. "Si vous appelez aujourd'hui pour demander de la tôle d'acier, par exemple, vous serez servi immédiatement. Cependant, si la demande globale du marché continue de stagner, l'offre de composants électroniques finira par être excédentaire."

 

Robland à l'horizon de 2030

 

"Nous voulons conserver notre statut de fournisseur privilégié – autrement dit, de guichet unique le plus rapide – pour les 'petits' menuisiers. Pour ce faire, nous devons continuer à développer de nouveaux produits, à raccourcir encore davantage les flux de produits et à nous en tenir à notre objectif, qui n'est autre que d'être les meilleurs dans notre catégorie de prix. Robland entend également évoluer vers une entreprise au sein de laquelle tous les départements sont intégrés à un point tel que les équipes peuvent prendre des décisions de manière autonome. Cela nécessite bien évidemment un développement du personnel très poussé", philosophe Muijs.

 

"Nous n'avons pas l'intention de poursuivre notre internationalisation en dehors des frontières de l'Europe ; ce n'est pas du tout notre priorité. Dans le domaine de l'impression, nous avons une bonne longueur d'avance sur nos concurrents. Nous envisageons de développer notre propre imprimante grand format, qui permettra peut-être même de proposer une solution hybride combinant l'impression et le fraisage."

 

Gert Muijs – Compétences en ingénierie analytique issues de la sobriété néerlandaise ; simple, honnête et efficace, à l'image de ses choix culinaires.

 

Le nom Muijs est certes d'origine néerlandaise (hérité du côté paternel), mais Gert Muijs est né et a grandi à Bruges. Ce Scorpion né en 1970 a suivi des études d'ingénieur industriel en électromécanique, qu'il a ensuite complétées par un master de spécialisation en sciences économiques appliquées.

 

Durant ses longs trajets en voiture, Muijs écoute avec grand enthousiasme les programmes de Stubru, surtout quand ils diffusent des morceaux de Black Sabbath ou Papa Roach. Et lorsqu'il y a trop de publicité à son goût, il lance la lecture de ses podcasts préférés. Sa famille, Robland et son jardin sont ses trois plus grandes passions. Les travaux de jardinage et la famille vont immanquablement de pair avec une délicieuse côte à l'os, accompagnée d'une bonne Duvel bien fraîche.

 

Lorsque je lui demande quel est son credo, il me répond sans hésiter : "Keep it simple", comme pour ses choix culinaires. Plus précisément, ce qui est nécessaire pour occuper un poste comme celui qu'occupe Muijs aujourd'hui, c'est une bonne dose de capacité analytique pour ramener des problèmes complexes à des solutions simples, combinée à de nombreuses conversations avec l'ensemble du personnel de l'atelier. Pouvoir atteindre son objectif avec ses collaborateurs est son 'Stairway to Heaven' à lui. Muijs se décrit lui-même – en plaisantant – comme un mauvais ingénieur, car il veut inlassablement résoudre les problèmes en partant d'un point de vue humain, sans l'aspect binaire.

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